Le tribunal régional a déclaré que l'arrestation de Musa Saidykhan et sa détention par les autorités étaient illégales et violaient son droit à la liberté personnelle et à un procès équitable.
(MFWA/IFEX) – Le 16 décembre 2010, le tribunal communautaire de la CEDEAO a confirmé que Musa Saidykhan, l’ancien rédacteur en chef du journal privé interdit basé à Banjul, « l’Independent », a été torturé par les agents de sécurité de Yahya Jammeh lors de sa détention en 2006.
Le tribunal régional a également déclaré que son arrestation et sa détention ultérieure par les autorités étaient illégales et que celles-ci constituaient une violation de son droit à la liberté personnelle et à un procès équitable, tant que garantis par les Articles 6 et 7 de la Charte Africaine des Droits humains et du citoyen.
Le comité de trois membres lui a donc attribué des dommages-intérêts de 200 000 $US, une somme nettement au-dessous des deux millions de dollars reclamés par Saidykhan.
En 2007, par l’intermédiaire de son Programme pour la Défense Juridique, la Media Foundation for West Africa (MFWA) avait initié une action en justice contre le régime du Président Yahya Jammeh en vue de revendiquer la justice pour Saidykhan et d’autres victimes des brutalités perpétrées par le régime répressif et qui ont dû s’exiler.
Ce n’est pas la première fois que la Gambie perd un procès contre la MFWA. En 2008, le tribunal de la CEDEAO a déclaré illégales l’arrestation et la détention ultérieure ainsi que la « disparition » d’un autre journaliste gambien, Chief Ebrima Manneh, un reporter du journal proche du pouvoir le « Daily Observer ». Depuis son arrestation et détention en 2006, personne ne sait où il est. Le tribunal régional lui a attribué en guise de dédommagement 100 000 $US. C’était un jugement par défaut comme les autorités gambiennes avaient refusé de comparaître devant le tribunal.
Le jugement de ce jour est important car il vient coïncider avec le sixième anniversaire de l’assassinat impitoyable d’un autre journaliste, Deyda Hydara, par des assaillants non identifiés supposés être des « éléments coquins » du régime en place. Jusqu’à ce jour aucune enquête réelle n’a été menée dans son assassinat.
À la fin de l’audience, les deux partis ont bien accueilli la décision du tribunal. Le représentant du gouvernement gambien, Martins U. Okoi, a assuré le tribunal qu’il veillerait à ce que son gouvernement exécute le jugement. L’avocat de Saidykhan, Femi Falana, a quant à lui décrit le jugement comme une victoire pour l’état de droit en Afrique de l’Ouest et a exhorté les leaders de respecter les droits de leurs citoyens.