(RSF/IFEX) – Un mois après la victoire de Mohammad Khatami à l’élection présidentielle, la situation de la liberté de la presse est loin de s’améliorer en Iran. RSF recense aujourd’hui vingt-sept journalistes emprisonnés. Vingt et un d’entre eux sont détenus dans un lieu de détention inconnu et leurs familles sont particulièrement inquiètes quant à leur […]
(RSF/IFEX) – Un mois après la victoire de Mohammad Khatami à l’élection présidentielle, la situation de la liberté de la presse est loin de s’améliorer en Iran. RSF recense aujourd’hui vingt-sept journalistes emprisonnés. Vingt et un d’entre eux sont détenus dans un lieu de détention inconnu et leurs familles sont particulièrement inquiètes quant à leur état de santé. RSF demande au chef de la Magistrature, l’Ayatollah Shahroudi, d’ordonner la libération de ces journalistes. Pour RSF, le guide de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, est l’un des trente prédateurs de la liberté de la presse dans le monde. L’Iran est aujourd’hui la plus grande prison du monde pour les journalistes. L’organisation rappelle que leur détention est contraire à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par l’Iran.
Même si, en juillet 2001, Morteza Firouzi, ancien rédacteur en chef d' »Iran News » et Hamid Naïni, de « Peyam Emrouz », ont été libérés, les arrestations n’ont pas cessé. Fin juin, cinq étudiants collaborant à des journaux ont été incarcérés : Ali Fallah et Babak Ghani-Pour d' »Arman », Morteza Taghi-Pour, Rouzbeh Chafii et Mohammad-Reza Chirvand de « Faryad ». Les trois derniers ont été arrêtés pour un article jugé « offensant » pour le douzième imam.
Les familles de la plupart de ces journalistes ne disposent aujourd’hui d’aucune information sur leur lieu de détention. C’est le cas notamment des proches de Reza Alijani d' »Iran-é-Farda », qui n’ont pu ni lui rendre visite ni s’enquérir de son état de santé depuis février. Les autres sont incarcérés à la prison d’Evine, à Téhéran, où leurs conditions restent très précaires. La famille de Hassan Youssefi Echkevari, journaliste d' »Iran-é-Farda », craint pour sa santé car il est diabétique. Emprisonné depuis le 5 août 2000, il a déjà été victime d’évanouissements. Les proches d’Ezatollah Sahabi d’Iran-é-Farda, en prison depuis sept mois, ont fait part de tortures psychologiques dont il aurait été l’objet. Ce journaliste, âgé de plus de soixante-dix ans, doit être prochainement transféré dans un autre lieu de détention. Les visites de la famille comme des avocats sont rarement autorisées. Par ailleurs, certains journalistes ont été soumis à des mauvais traitements dans le but de faire avouer leurs « crimes » à la télévision nationale ou de leur faire écrire des lettres de repentir.
Sur les vingt-sept, seuls huit journalistes ont été condamnés, les autres sont en attente d’un jugement ou de son verdict. Hoda Saber d' »Iran-é-Farda » est détenu depuis six mois sans avoir comparu devant la justice. Sa soeur a, par ailleurs, été placée en détention provisoire, le 11 juillet, pour « refus de collaboration » avec la justice. L’épouse de Reza-Raïs Toussi, emprisonné depuis mars, a déclaré début juin que ces arrestations étaient « illégales » et que les prisonniers n’avaient eu jusqu’ici « aucune occasion de se défendre ».
Malgré un jugement de relaxe, certains journalistes demeurent toujours en prison. Arrêté en avril 2000, Akbar Ganji, de « Sobh-é-Emrouz », a été condamné en appel, en mai 2001, à six mois de prison. En juin, un tribunal de Téhéran a refusé sa mise en liberté après avoir retenu deux nouvelles accusations contre lui. Alors qu’il a été amnistié en février, Machallah Chamsolvaezine, de « Neshat », demeure en prison. Enfin, malgré une décision de relaxe en juin, Latif Safari, de « Neshat », est encore derrière les barreaux.
Enfin, la justice exige régulièrement des sommes exorbitantes pour libérer sous caution une personne. Hechmatollah Tabarzadi, journaliste de « Hoviat-é-Khich », doit payer 50 millions de tomans (environ 64 000$US, 75 000 euros) pour être libéré. Alors que Hoda Saber est en très mauvaise santé, la justice lui a demandé une caution de 300 millions de tomans (environ 383 500$US, 450 000 euros). Les journalistes n’ont pas les moyens de payer de tels montants.
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