Le blocage temporaire des réseaux sociaux et des sites d’information indépendants est devenu fréquent au Tadjikistan depuis deux ans.
Depuis le 12 juin 2014, le moteur de recherche Google et l’ensemble des services associés, notamment le service de messagerie Gmail, sont inaccessibles à certains internautes au Tadjikistan. Le problème a notamment été rapporté par les utilisateurs des réseaux de téléphonie mobile Tcell et Megafon. L’accès à la plateforme d’échanges de vidéos YouTube est déjà bloqué depuis le 10 juin par la plupart des fournisseurs d’accès à Internet. D’après le site d’information indépendant Asia Plus, c’est également le cas du portail de l’agence de presse Tojnews. Les autorités, habituées à censurer les sites d’information critiques, démentent pour l’instant toute implication.
“Restreindre arbitrairement l’accès à de tels sites constitue une grave violation du droit à l’information des citoyens tadjiks, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières. Les autorités ont l’habitude de nier toute responsabilité dans les blocages qu’elles ordonnent, aussi leurs dénégations actuelles ne sauraient suffire. Elles sont de toutes façons garantes de la continuité de l’accès à Internet dans le pays.”
“Nous demandons des explications urgentes au directeur du service des Télécommunications du gouvernement, Beg Sabour, et le prions de faire le nécessaire pour que l’accès aux sites bloqués soit rétabli sans délai. Le gouvernement doit s’abstenir de toute pression sur les fournisseurs d’accès à Internet.”
La compagnie Tcell a expliqué l’inaccessibilité de Gmail sur son réseau comme un effet indirect du blocage de YouTube, qui appartient lui aussi à Google. Le 11 juin, le service des Télécommunications avait nié toute implication dans le blocage de la plateforme d’échanges de vidéos et suggéré des “problèmes techniques”. Le même jour, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait appelé le gouvernement à tout faire pour rétablir l’accès à YouTube.
Le blocage temporaire des réseaux sociaux et des sites d’information indépendants est devenu fréquent au Tadjikistan depuis deux ans. Facebook, Twitter et Vkontakte en ont fait les frais à plusieurs reprises, de même que les services tadjiks de la BBC et de Radio Free Europe/ Radio Liberty, les agences de presse Asia Plus, Ferghana et RIA Novosti, ou encore les sites d’information vesti.ru et gazeta.ru. Le dernier blocage de YouTube avait duré plusieurs mois, peu avant l’élection présidentielle de novembre dernier.
Les filtrages font habituellement suite à la diffusion sur ces sites d’une information particulièrement critique à l’égard du régime autocratique du président Emomali Rakhmon. Dans un premier temps, les autorités nient en général toute implication, mais la plupart des fournisseurs d’accès à Internet ont déjà admis qu’ils avaient reçu des instructions du service des Télécommunications, souvent un simple SMS.
Le 4 juin 2014, des photographies montrant des graffitis critiques du régime tracés dans les rues de la capitale Douchanbé sont apparues sur Facebook. Le même jour, le site d’information indépendant Ozodagon a révélé qu’un utilisateur du réseau social aurait été interpellé pour “insulte au président de la République”.
Le Tadjikistan occupe la 115e place sur 180 pays dans le Classement mondial 2014 de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières.