(RSF/IFEX) – Le journal privé « Le Quotidien » ne paraît plus depuis maintenant une semaine. Le 13 novembre 2004, le Conseil national de la communication (CNC), organe de régulation de la presse guinéenne, a décidé de le suspendre pour « une durée illimité », suite à un article intitulé « Le pays va mal (. . .) A quand […]
(RSF/IFEX) – Le journal privé « Le Quotidien » ne paraît plus depuis maintenant une semaine. Le 13 novembre 2004, le Conseil national de la communication (CNC), organe de régulation de la presse guinéenne, a décidé de le suspendre pour « une durée illimité », suite à un article intitulé « Le pays va mal (. . .) A quand le soulèvement ? » Depuis, son directeur de publication, Siaka Kouyaté, reçoit des appels téléphoniques intimidants.
« La suspension du « Quotidien » est clairement abusive, a déclaré RSF. Une mesure aussi radicale se place au sommet de la pyramide des sanctions, alors qu’aucun avertissement n’a été signifié au préalable. La tournure que prend cette affaire semble démontrer une volonté de terroriser M. Kouyaté et son équipe pour les réduire définitivement au silence. L’article incriminé ne justifie pas un tel acharnement ».
« Après lecture de l’article, nous constatons que les écrits de Siaka Kouyaté ne contreviennent en aucun cas aux lois en vigueur en Guinée, ni ne nuisent à « la paix, la quiétude et la démocratie », comme veut le faire croire le CNC. Le journal doit paraître à nouveau au plus vite, de manière à sauvegarder la pluralité de l’information dans le pays », a ajouté l’organisation.
Le 7 novembre, la une du « Quotidien » apportait à ses lecteurs une analyse de la situation socio-économique et politique du pays, faisant état de sa mauvaise santé, un « aveu national ». Selon l’article, « tout le monde sait qu’à une telle situation, il n’y a qu’une seule issue, le soulèvement. Et tout le monde, en toute logique, semble attendre que le Président, le tout premier, en donne le signal ». L’article définissait ce soulèvement comme une « révolte contre nos mauvaises pratiques, nos mauvais réflexes et nos mauvais choix » et parlait sans équivoque d’un nécessaire « sursaut national ». « Ses populations attendent que, du chef qu’elles se sont données, vienne le signal de la violence, cette violence positive que se font toutes les grandes nations quand l’exige l’instant historique ».
Le week-end du 7 et du 8 novembre, c’est donc par un communiqué du CNC diffusé à la radio et la télévision nationale que Kouyaté a appris la fermeture de son journal. Le CNC a déclaré juger « très nocif et tendancieux » la nature de cet éditorial, considérant qu’il constitue une violation des règles d’éthique et de déontologie, et refusant que les médias guinéens « se transforment en officines subtiles et inavouées de racisme ou de haine ». Depuis sa visite au siège du CNC où sa tentative d’explication s’est heurtée à une fin de non-recevoir, Kouyaté a déclaré à RSF recevoir « des appels téléphoniques venant soit de la Direction de la surveillance du territoire, soit d’anonymes, dont le ton menaçant illustre un désir manifeste d’intimidation ».