Dans ce qui compte pour une avancée majeure dans la longue bataille contre l'impunité en Gambie, deux hauts fonctionnaires du gouvernement ont révélé que le gouvernement gambien a décidé de se conformer aux jugements rendus par la Cour de la CEDEAO dans les cas de Deyda Hydara assassiné, de la disparition de Chief Ebrima Manneh, et le cas de torture de Musa Saidykhan.
Cet article a été initialement publié sur mfwa.org le 6 novembre 2017.
Dans ce qui compte pour une avancée majeure dans la longue bataille contre l’impunité en Gambie, deux hauts fonctionnaires du gouvernement ont révélé que le gouvernement gambien a décidé de se conformer aux jugements rendus par la Cour de la CEDEAO dans les cas de Deyda Hydara assassiné, de la disparition de Chief Ebrima Manneh, et le cas de torture de Musa Saidykhan.
Le Ministre Gambien de l’Information et des Infrastructures de la Communication, Honorable Demba Ali Jawo et le Conseiller Spécial du Ministre de la Justice, M. Hussein Thomasi ont annoncé la décision le 2 Novembre 2017 lors du Forum organisé par la MFWA en collaboration avec la Gambia Press Union et l’IFEX pour marquer la Journée International de la Fin d’Impunité pour les Crimes Commis Contre les Journalistes
« L’Honorable Ministre de la Justice a commencé des négociations pour l’exécution des jugements », a dit M. Husseing Thomasi. « Nous sommes membres de la CEDEAO donc nous ne pouvons rien en contravention avec l’organe. »
Le Ministre de l’Information et de la Communication des Infrastructures, Honorable Demba Ali Jawo a corroboré les déclarations de M. Thomasi en ajoutant que les deux ministères « vont entreprendre des discussions avec les familles et voir de quelle façon la meilleure satisfaire aux exigences.’ »
Deyda Hydara un ancien président de la Gambia Press Union, rédacteur en chef du journal The Point et critique farouche de l’administration de Jammeh, a été tué par balle par des assaillants inconnus sur son chemin de retour du service le 16 Décembre 2004. Suite à l’incident, l’Etat a ouvert une enquête sur le meurtre et qu’il a clôturé en l’espace de 22 jours. A la suite d’un procès fruiteux intenté par la famille, la Cour de la CEDEAO a trouvé le gouvernement coupable de ne pas avoir conduit une investigation appropriée sur le meurtre, par conséquent, donnant libre cours au climat d’impunité à s’étendre et à réprimer ainsi la liberté d’expression. La cour a aussi ordonné au gouvernement de la Gambie a payé 50.000 Dollars US de compensation et de dommages.
Dans le cas de Musa Saidykhan, il a été arrêté le 27 Mars 2006 à son domicile par la police et les agents de l’Agence Nationale de Renseignement (National Intelligence Agency, NIA), et a été amené dans les bureaux de l’agence où il a été détenu pendant 22 jours. Durant cette période, Saidykhan a été transféré de plusieurs centres de détention. Lorsqu’il était gardé en détention, il a été accusé d’avoir fait appel au président d’Afrique du Sud d’alors ; Thabo Mbeki, d’intervenir sur les violations des droits de l’Homme (y compris l’assassinat d’Hydara) en Gambie. La NIA a aussi arrêté deux de ses collègues et les accusés d’être les auteurs d’un article plein d’erreur sur le coup d’état manqué. Les agents les ont torturés de diverses manières en différentes occasions y compris l’usage des chocs électriques sur le corps de Saidykhan qui l’ont plongé en coma pendant 30 minutes. Il a été plus tard libéré sous caution et s’est exilé par la suite.
Chief Ebrima Manneh est reporter de The Daily Observer, et pour sa part, il a été arrêté par le NIA le 7 Juillet 2006. La NIA l’a accusé d’avoir donné ce qu’elle décrit comme des informations « nuisibles » à un journaliste de la BBC durant une rencontre de l’Union Africaine. Il a été aussi accusé de tentative de reproduction de l’article de la BBC critiquant le coup d’état de Jammeh qui l’a porté au pouvoir. Apres son arrestation, Manneh a été vu en prison, à la police et avec les agents de la NIA lorsque qu’ils le déplaçaient entre différents postes de police et les centres de détention. Malgré le nombre encrassant des témoins oculaires qui témoigné de l’évidence de l’arrestation de Manneh par la NIA et sa détention en secret sur les ordres du gouvernement de Jammeh, le gouvernement et la NIA ont toujours dénié l’avoir gardé en détention depuis qu’il a été vu.
Dans deux cas séparés, la MFWA a porté une plainte devant la cour de la CEDEAO sur la disparition force de Chief Ebrima Manneh et l’arrestation arbitraire et la torture de Musa Saidykhan. En 2008, la cour a rendu son verdict sur le cas d’arrestation de Manneh et sa détention comme étant illégal et a ordonné que les autorités gambiens le libèrent immédiatement et lui paient ou à défaut à sa famille une compensation de 100 000 Dollars US. Le jugement a été rendu par défaut étant donné que le gouvernement de la Gambie a refusé de se présenter devant la cour. En 2010, la Cour a rendu son verdict selon lequel la Gambie a violé les droits humains de Saidykhan et a ordonné des dommages et réparations de 200 000 Dollars US.
La Gambie sous Yahya Jammeh a refusé de se conformer aux verdicts de la cour malgré les appels persistants de plusieurs organisations y compris la MFWA qui, entre autres initiatives, a pétitionné la CEDEAO a sanctionné la Gambie.
Suite au transfert réussi de pouvoir au gouvernement actuel, la MFWA a entrepris une mission en Gambie et eu des discussions sur ces cas avec les autorités du gouvernement y compris le Président, Son Excellence Adama Barrow, qui a indiqué son engagement à la liberté de la presse et la lutte contre l’impunité en Gambie. L’annonce des mesures ont été mises en place pour permettre la tenue d’une rencontre entre les familles des victimes est donc un tournant dans la longue et ardue bataille dans laquelle s’est embarquée la MFWA et ses organisations partenaires nationaux et les organisations des droits de l’Homme telles que l’IFEX pour faire aboutir ces trois cas emblématiques d’impunité ci-dessus.
MFWA