Le TMG exprime son soutien au Bureau exécutif du syndicat national des journalistes tunisiens et dénonce avec force le recours à la police et au pouvoir judiciaire pour usurper l'indépendance du syndicat.
(IFEX-TMG) – 16 septembre 2009 – Le groupe d’observation de la Tunisie (TMG), une coalition regroupant 20 organisations membres du réseau de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX), exprime son soutien au Bureau exécutif du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) élu démocratiquement et dénonce avec force le recours à la police et au pouvoir judiciaire pour usurper l’indépendance du syndicat.
Le Bureau exécutive légitime du SNJT lutte pour l’indépendance syndicale, car il a été renversé illégalement par des personnes favorables au gouvernement à la mi-août, expulsé de ses bureaux à Tunis par la police et contraint d’annuler son congrès extraordinaire prévu pour le 12 septembre.
En revanche, les membres du Bureau exécutif du SNJT élus démocratiquement ont tenu une conférence de presse dans les bureaux de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) le 12 septembre, où des représentants de l’ATFD et d’autres ONG ont condamné avec force les violations flagrantes de la loi et du droit syndical ainsi que l’ingérence de la police politique dans les affaires internes du SNJT. Un représentant de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), dont le SNJT est membre, était également présent pour faire valoir le droit des journalistes tunisiens d’appartenir à un syndicat indépendant.
Des policiers en civil avaient assiégé les bureaux du SNJT le 8 septembre et empêché le président du SNJT, Neji Bghouri, et d’autres membres indépendants du Bureau exécutif d’accéder à la rue menant aux bureaux, sans montrer une copie du jugement du tribunal rendu le jour même notifiant l’expulsion arbitraire du Bureau exécutif élu démocratiquement. Des organisations locales et internationales de défense des droits de l’homme ont constaté le manque d’indépendance de l’appareil judiciaire tunisien, souvent utilisé à l’encontre des journalistes critiques, des défenseurs des droits de l’homme et des militants politiques.
La FIJ avait condamné le siège des locaux du SNJT par la police et l’assaut contre Neji Bghouri le 8 septembre. « Il s’agit d’une ingérence brutale et inadmissible dans le monde journalistique. Elle apporte la preuve de l’intolérance d’un régime qui place la politique de la manière forte au dessus des valeurs démocratiques », a déclaré le secrétaire général de la FIJ, Aidan White.
La situation avait commencé à se dégrader le 4 mai, lorsque Neji Bghouri fut interrompu lors d’une conférence de presse par des journalistes favorables au gouvernement, qui l’empêchèrent, avec menaces et insultes, de présenter les conclusions d’un rapport sur le déclin de la liberté de la presse dans le pays. En 2008, Bghouri avait été l’objet d’une attaque similaire pour avoir déclaré publiquement que le SNJT ne devrait appuyer aucun candidat aux élections présidentielles d’octobre, qui verraient le Président Ben Ali briguer un cinquième mandat consécutif.
Le conflit a conduit à la démission de membres du Bureau exécutif du SNJT, provoquant ainsi la convocation d’un congrès extraordinaire et une division au sein de la direction. Le camp pro-gouvernemental a organisé son propre congrès le 15 août, avec le soutien des autorités, et élu une nouvelle direction.
Un des premiers actes d’allégeance au gouvernement et au parti au pouvoir par les journalistes favorables au gouvernement qui participaient à ce congrès du 15 août a été d’envoyer un message au président Zine El Abidine Ben Ali « saluant son souci permanent de promouvoir davantage le paysage médiatique tunisien. »
« Il s’agit tout simplement d’un putsch orchestré afin d’assurer dans les médias une couverture positive maximale en faveur du parti au pouvoir, » a déclaré le président du TMG, Rohan Jayasekera de Index on Censorship. « Il est honteux de voir des journalistes vendre leur honneur aussi impudemment pour obtenir les faveurs d’un homme politique ou forcés de soutenir des usurpateurs dans un climat d’intimidation et de menaces. »
Les membres du TMG ont envoyé en mai une lettre au président Ben Ali pour protester contre les pressions exercées sur des centaines de journalistes pour qu’ils signent une pétition d’origine gouvernementale appelant au remplacement de la direction du SNJT. Voir : http://ifex.org/tunisia/2009/05/13/ifex_tmg_calls_on_president_to/fr/
Le TMG demande aux autorités tunisiennes de respecter leurs obligations en matière des droits de l’homme et de ne pas s’ingérer dans les affaires internes du SNJT.
Les membres du TMG de l’IFEX:
ARTICLE 19, Royaume-Uni
Association mondiale des journaux et des Éditeurs de Médias d’Information (WAN-IFRA), France
Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Canada
Bahrain Center for Human Rights, Bahreïn
Cairo Institute for Human Rights Studies, Égypte
Cartoonists Rights Network International (CRNI), États-Unis
Centre PEN norvégien, Norvège
Comité des écrivains en prison de PEN International (WiPC), Royaume-Uni
Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques (IFLA), Pays-Bas
Fédération internationale des journalistes (FIJ), Belgique
Fondation Maharat, Liban
Index on Censorship, Royaume-Uni
Institut international de la presse (IIP), Autriche
Journaliste en danger (JED), République démocratique du Congo
Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Canada
Media Institute of Southern Africa (MISA), Namibie
Organisation égyptienne pour les droits de l’Homme (EOHR), Égypte
Réseau d’information arabe des droits de l’Homme (ANHRI), Égypte
Union internationale des éditeurs (UIE), Suisse
World Press Freedom Committee (WPFC), États-Unis