Les autorités de Bahreïn continuent de faire taire les défenseurs des droits de la personne au moyen d’articles draconiens du code pénal et des lois antiterroristes du pays. Sous la direction du Centre des droits de la personne de Bahreïn (Bahrain Center for Human Rights, BCHR), vingt groupes membres de l’IFEX exigent la libération immédiate […]
Les autorités de Bahreïn continuent de faire taire les défenseurs des droits de la personne au moyen d’articles draconiens du code pénal et des lois antiterroristes du pays. Sous la direction du Centre des droits de la personne de Bahreïn (Bahrain Center for Human Rights, BCHR), vingt groupes membres de l’IFEX exigent la libération immédiate des militants et la modification des lois de Bahreïn pour les rendre conformes aux conventions internationales concernant les droits de la personne.
Hasan Mushaima, secrétaire général du Mouvement des libertés et de la démocratie (HAQ), Mohamed Habib al-Muqdad, universitaire et militant social, ainsi que Abduljalil Alsingace, chef de l’unité des droits de la personne du HAQ, ont été arrêtés le 26 janvier.
On les a interrogés pendant près de neuf heures sur leurs discours et sur des articles concernant les violations des droits de la personne à Bahreïn, ainsi que sur leur participation au HAQ, une organisation populaire de base non enregistrée qui fait campagne en faveur d’une réforme démocratique et des droits de la personne. Les autorités ont déclaré que leurs activités « provoquent la haine du régime » et « incitent à la violence et au renversement du gouvernement » – accusations passibles de huit ans de prison, selon le code pénal de Bahreïn.
Les militants sont accusés en outre aux termes de la loi de Bahreïn sur le contre-terrorisme, en vertu de laquelle ils risquent jusqu’à la prison à vie pour « avoir formé, hors des cadres fixés par la loi, une organisation qui contrevient à la Constitution ou qui empêche quelque entreprise d’État ou les autorités de s’acquitter de leurs tâches ».
Après neuf heures d’interrogatoire, Mushaima et al-Muqdad ont été détenus pour un interrogatoire plus poussé, tandis qu’Alsingace a été remis en liberté sous caution et interdit officiellement de sortir de Bahreïn. Le Bureau du Procureur public a annoncé qu’il prendrait les mesures nécessaires pour poursuivre les défenseurs des droits de la personne devant les tribunaux pour des chefs d’accusation portant sur la sécurité nationale.
De plus, Alsingace a subi une campagne de diffamation médiatique, menée par des médias sous la tutelle de l’État et dirigée contre les défenseurs des droits de la personne. Cela faisait suite à sa participation, en octobre 2008, à un débat sur la liberté religieuse à Bahreïn, débat qui s’est déroulé au Congrès des États-Unis.
Les trois militants nient toutes les allégations et considèrent que leur arrestation et les chefs d’accusation sont malveillants et inspirés par des motifs politiques.
« Les accusations odieuses portées contre eux sont sans fondement et ne visent qu’à les faire taire et à empêcher MM. Mushaima, al-Muqdad et Alsingace de partager leurs réflexions et de poursuivre quelque activité reliée aux réformes démocratiques et à la promotion des droits de la personne et des libertés civiles », a déclaré le BCHR.
Les groupes membres de l’IFEX demandent aux autorités de Bahreîn de libérer immédiatement Mushaima et al-Muqdad, de retirer toutes les accusations liées à leurs activités légitimes et non violentes et de lever l’interdit de voyager imposé à Alsingace.
Ils exigent en outre que le gouvernement réforme les dispositions du code pénal et de la législation antiterroriste qui violent les engagements internationaux de Bahreïn en matière de droits de la personne.
Bahreïn est réputé pour cibler les défenseurs des droits de la personne par des poursuites judiciaires. L’éminente militante des droits des femmes Ghada Jamsheer subit de façon répétée des mesures de harcèlement à cause de son travail et elle est effectivement interdite de parole dans les médias depuis 2007 à la suite d’une ordonnance du tribunal, selon ce que rapporte ARTICLE 19. Lors du dernier incident, sa famille a été accusée d’avoir attaqué un agent de la sécurité d’État qui surveillait le domicile des Jamsheer, et doit se défendre contre les procédures judiciaires en cours.
Les sites web du BCHR et du Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arabic Network for Human Rights Information, ANHRI), qui est membre de l’IFEX, s’avèrent essentiels dans la surveillance de la situation de la libre expression à Bahreïn. Mais dans le pays ils sont tous les deux bloqués, comme c’est aussi le cas du blogue d’Alsingace ( http://alsingace.katib.org ). Le mois dernier, le gouvernement a fait un pas de plus et a demandé à toutes les sociétés de télécommunications et tous les fournisseurs de services Internet de bloquer l’accès aux sites web interdits. Pour éviter les censeurs, le BCHR a créé un groupe sur Facebook, sur lequel il télécharge tout son matériel.
Consulter la page en arabe du groupe BCHR sur Facebook à : http://www.facebook.com/group.php?gid=50727622539
Et la page en anglais du groupe BCHR sur Facebook à : http://tinyurl.com/bbl55v
Consulter également les sites suivants :
– Action conjointe : http://ifex.org/en/content/view/full/100645/
– ARTICLE 19, à propos de Jamsheer : http://tinyurl.com/cweeue
– Page de l’IFEX sur Bahreïn : http://tinyurl.com/5jbuxh
– BCHR : http://www.bahrainrights.org/en
(11 février 2009)