Un journaliste et rédacteur reconnu coupable de diffamation. Un film populaire interdit. Une militante des droits des femmes interdite de paraître dans les médias. Ce ne sont là que quelques-unes des manchettes du mois dernier à Bahreïn, où le droit à la liberté d’expression est visé et circonscrit depuis quelque temps. Vingt-six groupes membres de […]
Un journaliste et rédacteur reconnu coupable de diffamation. Un film populaire interdit. Une militante des droits des femmes interdite de paraître dans les médias. Ce ne sont là que quelques-unes des manchettes du mois dernier à Bahreïn, où le droit à la liberté d’expression est visé et circonscrit depuis quelque temps. Vingt-six groupes membres de l’IFEX et 21 autres organisations, sous la direction du Centre des droits de la personne de Bahreïn (Bahrain Center for Human Rights, BCHR), exigent que les autorités mettent fin à la répression qu’elles ont déclenchée dernièrement contre la libre expression.
D’après le BCHR, les autorités de Bahreïn ont adopté récemment des mesures strictes contre les militants pour les empêcher de communiquer avec le public, en bloquant l’accès aux sites web, en interdisant des films et des livres et même en prononçant ici et là des interdictions contre les médias.
Le mois dernier, le film américain « The Kingdom » (Le Royaume), qui se penche sur la « guerre à la terreur » à travers une histoire fictive qui se déroule en Arabie saoudite, a été interdit, sans explications.
Les autorités ont aussi bloqué le site web du mouvement HAQ – http://www.haaq.org – une populaire organisation civique qui appelle au respect des droits de la personne et à la démocratisation de Bahreïn. Le site de HAQ s’ajoute à la liste, dressée par le BCHR, des 26 sites web bloqués cette année dans le pays, liste qui comprend notamment celui du BCHR et celui du Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arabic Network for Human Rights Information, HRInfo), membre de l’IFEX. Les sites web ont été bloqués par Batelco, le seul fournisseur de services Internet de Bahreïn, qui se trouve à appartenir au gouvernement.
Aussi en octobre, la militante des droits des femmes Ghada Jamsheer – selon le magazine « Time » l’une des « héroïnes de la liberté » du monde arabe – a été informée officiellement qu’elle ne devait paraître dans aucun média de Bahreïn à cause d’une lettre qu’elle a fait parvenir au Roi. Dans cette lettre, Jamsheer demandait la dissolution du Conseil suprême des femmes, que préside l’épouse du roi, parce que ce Conseil est politiquement loyal au gouvernement et qu’il ne promeut pas les droits des femmes.
Par ailleurs, les rédacteurs, journalistes et militants sont poursuivis devant les tribunaux parce qu’ils exercent leur droit à la libre expression. Dans l’affaire la plus récente, un journaliste et son rédacteur ont été condamnés à verser 1 000 dinars de Bahreïn chacun (2 650 $ US) pour un article qui aurait diffamé le président de l’Université du Golfe persique.
Les accusations découlent d’articles controversés de la Loi de 2002 sur la presse et les publications et du Code pénal de 1976, qui ont fait l’objet de critiques parce qu’ils ne répondent pas aux normes internationales. Les articles incriminés ont été utilisés ces derniers mois pour interroger et poursuivre plus de 14 journalistes, blogueurs et gestionnaires de sites web, indique le BCHR.
Les 26 groupes membres de l’IFEX appellent les autorités de Bahreïn à cesser de violer la liberté d’expression, à éliminer les lois abusives et à honorer leurs responsabilités à l’égard des chartes et des pactes internationaux, en particulier l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies.
Consulter les sites suivants :
– Action conjointe de l’IFEX : http://tinyurl.com/27qnyu
– Alertes de l’IFEX sur Bahreïn : http://tinyurl.com/ytqq7w
– Alertes du BCHR : http://www.bahrainrights.org/
(13 novembre 2007)