(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 28 novembre 2001 : Mercredi 28 novembre 2001 Une journée en hommage aux journalistes qui se battent pour la liberté de la presse dans le monde 26 journalistes tués depuis le début de l’année 2001 108 journalistes actuellement emprisonnés Dernièrement, en Afghanistan, sept journalistes […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 28 novembre 2001 :
Mercredi 28 novembre 2001
Une journée en hommage aux journalistes qui se battent pour la liberté de la presse dans le monde
26 journalistes tués depuis le début de l’année 2001
108 journalistes actuellement emprisonnés
Dernièrement, en Afghanistan, sept journalistes ont été tués. Pour toujours mieux nous informer, malgré les risques encourus, ils avaient le courage de vouloir couvrir les affrontements qui opposent les taliban et les forces de l’Alliance du Nord.
En cette année 2001, vingt-six journalistes ont ainsi trouvé la mort, soit dans l’exercice de leur profession, soit pour leurs opinions.
Les chiffres des journalistes tués au cours de ces dix dernières années sont par ailleurs suffisamment éloquents pour se passer de commentaires :
40 en 1990
72 en 1991
61 en 1992
63 en 1993
103 en 1994
49 en 1995
28 en 1996
26 en 1997
19 en 1998
36 en 1999
32 en 2000
A ce jour également, 108 journalistes sont emprisonnés. Ce nombre est certainement inférieur au nombre réel de professionnels des médias actuellement derrière les barreaux. Mais les difficultés pour enquêter sur place et le manque de transparence de la justice rendent impossible l’établissement d’une liste exhaustive. Certains pays ont néanmoins le triste privilège d’être les plus grandes prisons du monde pour les journalistes. C’est notamment le cas de la Birmanie, de la Chine et de l’Iran, dont les chefs d’Etat font partie des trente-neuf prédateurs de la liberté de la presse recensés par Reporters sans frontières dans le monde.
Birmanie – 18 journalistes emprisonnés
La Birmanie est actuellement la plus grande prison du monde pour les journalistes. Au moins dix-huit d’entre eux croupissent dans des prisons insalubres où l’alimentation et l’état sanitaire sont déplorables et où ils sont privés des soins médicaux appropriés. Ils ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir « diffusé des informations hostiles à l’Etat », pour posséder une caméra vidéo non déclarée, pour avoir répondu aux questions d’un journaliste étranger ou pour avoir envoyé des informations à des médias birmans en exil. La torture est largement utilisée contre eux : tabassage, électrocution, privation de sommeil, obligation de se tenir debout ou dans des positions inconfortables, pendaison par les pieds ou les mains, etc. Soumis à des vexations et des punitions qui les affaiblissent, certains d’entre eux ont vu ainsi leur santé se dégrader rapidement et souffrent de graves troubles psychologiques. Au moins trois journalistes d’opposition sont morts dans les prisons birmanes depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuelle junte, en 1988. Deux journalistes, Soe Thein et San San Nweh, ont été libérés en 2001 mais leurs écrits sont toujours mis à l’index. Enfin, au moins quinze reporters étrangers qualifiés d' »ennemis de la Birmanie », ont été expulsés depuis l’arrivée au pouvoir du général Than Shwe et leurs noms inscrits sur une « liste noire ».
Chine – 15 journalistes et 19 cyberdissidents emprisonnés
La Chine est également l’une des plus grandes prisons du monde pour les professionnels de la presse. Depuis le début de l’année 2001, une dizaine de journalistes ont par ailleurs été écartés de leur rédaction pour avoir abordé des sujets sensibles comme la corruption ou les trafics d’organes. Pour mieux mettre en garde les récalcitrants, le régime de Pékin a rappelé, en juillet 2001, la règle des « Sept interdits », notamment ceux de « perturber le travail du Parti et de l’Etat » ou de nier le « rôle primordial du marxisme, du léninisme, et des théories de Mao Zedong et de Deng Xiaoping ». Les journalistes détenus sont le plus souvent condamnés à de lourdes peines de prison pour « propagande contre-révolutionnaire » ou « activités subversives ». L’un d’entre eux, Wu Shishen, a été condamné en 1992 à la prison à vie : le président Jiang Zemin avait personnellement demandé que la peine soit particulièrement sévère. Le journaliste avait transmis à une journaliste étrangère un discours que le Président devait prononcer quelques heures plus tard. Les autorités ne donnent que très rarement des nouvelles des journalistes emprisonnés. Leurs familles sont menacées dès qu’elles communiquent des informations aux médias ou aux organisations de défense des droits de l’homme.
Iran – 17 journalistes emprisonnés
L’Iran détient le triste record d’être la plus grande prison pour journalistes du Moyen-Orient. La plupart des journalistes emprisonnés n’ont toujours pas été jugés après des mois d’emprisonnement. Ils sont poursuivis, entre autres, pour « propagande anti-islamique », « propagation de fausses nouvelles » ou « atteinte à l’islam ». Ils sont nombreux, bien qu’en détention provisoire, à être maintenus dans des cellules individuelles. L’isolement y est total. Pendant parfois des mois, le détenu ne peut recevoir aucune visite, qu’il s’agisse de sa famille ou de son avocat. Ce type de détention peut être utilisé pour obtenir des « aveux » du prisonnier qui est soumis à de fortes pressions psychologiques. Certains journalistes ont la possibilité d’envoyer ou de recevoir du courrier, mais celui-ci est lu systématiquement. Ils n’ont accès ni aux livres ni aux journaux. Par ailleurs, ils sont nombreux à n’avoir pas reçu les soins que nécessitaient leurs problèmes de santé. Le plus souvent, les familles n’ont aucune nouvelle des journalistes emprisonnés pendant des semaines, voire des mois.
Erythrée – 8 journalistes emprisonnés
Le président Issaias Afeworki n’a montré que récemment son visage de prédateur de la liberté de la presse. Le 18 septembre 2001, le gouvernement a interdit « jusqu’à nouvel ordre » la parution de tous les titres de la presse privée. Huit journalistes ont été arrêtés en quelques jours. Au moins deux autres ont fui le pays par peur des représailles. Le motif de ces arrestations n’est pas connu et les médias d’Etat n’ont même pas abordé la question. L’Erythrée est le seul pays du continent africain où la presse privée n’existe plus.
Ces quatre pays sont loin d’être les seuls à emprisonner les journalistes. On peut également citer la Biélorussie, Cuba, l’Egypte, le Liban, le Pakistan, le Rwanda, la Turquie ou encore le Viêt-nam.
C’est pour défendre la liberté d’informer et d’être informé que Reporters sans frontières se bat depuis seize ans. En se mobilisant au quotidien pour les journalistes emprisonnés via des campagnes de presse et des lettres de protestation adressées aux gouvernements responsables de ces emprisonnements. En informant les médias des violations de la liberté de la presse, à savoir toutes les agressions, menaces, sanctions, pressions et entraves dont sont victimes les journalistes à travers le monde. En leur apportant une aide juridique, médicale, matérielle ou financière selon les cas. En intervenant auprès des instances internationales.
Pour venir en aide aux journalistes emprisonnés, Reporters sans frontières met en vente un album de photographies, Wiiliam Klein pour la liberté de la presse, disponible chez tous les marchands de journaux à partir du 28 novembre 2001.