Le 7 août 2008, 27 groupes membres de l’IFEX ont fait parvenir une lettre au président du Yémen dans laquelle ils condamnent la détérioration de la situation de la liberté d’expression dans son pays, notamment l’incarcération récente de journalistes. Dans une action conjointe menée par ARTICLE 19, les groupes qui ont écrit au président Ali […]
Le 7 août 2008, 27 groupes membres de l’IFEX ont fait parvenir une lettre au président du Yémen dans laquelle ils condamnent la détérioration de la situation de la liberté d’expression dans son pays, notamment l’incarcération récente de journalistes.
Dans une action conjointe menée par ARTICLE 19, les groupes qui ont écrit au président Ali Abdullah Saleh ont reconnu « certains progrès dans le domaine des droits de la personne » depuis l’accession du Yémen en 1987 au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à celui sur les droits économiques, sociaux et culturels. Les groupes ont déclaré que les organisations de la société civile, dont les ONG qui s’occupent des droits de la personne et des questions sociales, ont grandi et se sont développées. « De plus, les journaux indépendants et ceux favorables à l’opposition, qui se sont créés, ont adopté une attitude critique à l’égard des autorités de l’État, du jamais vu dans la région. »
Cependant, dit la lettre, dans son appui à la soi-disant « guerre à la terreur » que mènent les États-Unis, « (le Yémen) a procédé à l’arrestation de centaines de personnes soupçonnées d’appartenir à Al Qaïda ». Dans ce processus, les forces de sécurité harcèlent, interrogent et, à l’occasion, détiennent des journalistes qui couvrent ces arrestations.
Le « nombre élevé de violations pendant la première moitié de 2008 » comprenait l’interdiction du journal « Al-Sabah » en mars, la révocation du permis d’exploitation du quotidien « Al-Wasat » en avril et le blocage du site web YemenPortal.net.
Le 11 juin, Abdelkarim Al-Khaiwani, rédacteur en chef de « Al-Shoura », a été condamné à six ans de prison pour sa couverture de la guerre dans la province de Sa’ada, ce qui constituerait un délit terroriste. En juillet, le tribunal a modifié le verdict pour empêcher la possibilité d’interjeter appel; par ailleurs, une audition de sa demande de remise en liberté a été reportée en novembre. Le 22 juin, Mohamed al-Mokaleh a été condamné à six mois de prison avec sursis pour « avoir attaqué et diffamé le système judiciaire », après avoir ri lors du procès de Al-Khaiwani.
Le 9 juillet, le comédien et chanteur Fahd al-Qarni a été condamné à 18 mois de prison et à une amende de 500 000 riyals yéménites (YR) (env. 2 500 $ US) pour avoir « insulté le président du Yémen ». En 2006, des vendeurs de sa cassette, qui mêle compositions traditionnelles et critiques des politiques du gouvernement, ont été arrêtés.
Des militants qui protestaient de manière non violente contre ces affaires judiciaires ont été harcelés et se sont fait confisquer leur équipement. Et Tawakkol Karman, directrice de l’ONG Femmes journalistes sans chaînes, a reçu des menaces de mort anonymes.
Les signataires de l’IFEX, prenant note des engagements du gouvernement de protéger les droits de la personne dans le cadre de son Programme de Réforme nationale de 2006, ont invité le Yémen à adopter des « mesures décisives et immédiates, conformément au droit international en matière de droits de la personne, pour protéger et défendre la liberté d’expression ». Ils exigent l’abolition des lois qui instituent des conceptions indûment vagues de ce qui constitue un délit terroriste et qui criminalisent les « insultes » aux politiciens, aux tribunaux et aux juges.
Texte complet de l’action conjointe : http://tinyurl.com/5j7896
(13 août 2008)