Au cours d?une semaine qui a vu un journaliste perdre la vie et un autre être la cible de oups de feu au Brésil, les groupes de défense de la liberté d?expression ont accentué les pressions sur les autorités pour qu?elles fassent enquête sur les crimes et mettent fin à l?impunité dont jouissent les agressions […]
Au cours d?une semaine qui a vu un journaliste perdre la vie et un autre être la cible de oups de feu au Brésil, les groupes de défense de la liberté d?expression ont accentué les pressions sur les autorités pour qu?elles fassent enquête sur les crimes et mettent fin à l?impunité dont jouissent les agressions contre la presse.
Reporters sans frontières (RSF), le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC), la Société interaméricaine de la presse (SIP), PERIODISTAS, l?Association mondiale des journaux (AMJ) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) exigent une enquête immédiate sur le meurtre de Domingo Sávio Brandão Lima Júnior, abattu le 30 septembre à Cuiabá, dans l?État du Mato Grosso.
Le CPJ rapporte que Brandão, propriétaire et éditeur du quotidien « Folha do Estado », a été abattu par deux inconnus pendant qu?il inspectait la construction des nouveaux bureaux du journal. Les assaillants se sont enfuis en motocyclette.
Bien que la police n?ait pu encore déterminer le mobile du crime, fait remarquer la SIP, le journal de Brandão affirme que le meurtre est lié aux reportages sur la corruption dans les milieux officiels, le trafic de drogues et le jeu illégal à Cuiabá. Brandão était également propriétaire d?une station de radio et d?une entreprise de construction.
Le meurtre de Brandão a aussi suscité les condamnations du Rapporteur spécial de l?Organisation des États américains (OEA) sur la liberté d?expression, Eduardo Bertoni, pour qui le fait de ne pas parvenir à mener une enquête en profondeur sur les meurtres de journalistes a pour effet d?intimider les autres journalistes et les citoyens « parce que cela leur fait craindre de rapporter les agressions, les violations et autres actes illégaux ».
Par ailleurs, Reuters rapportait le 4 octobre que Felipe Santolia, journaliste à Radio Chibata, avait été atteint de deux projectiles et qu?il avait été attaché à un arbre à Teresina, dans l?État de Piaui, parce qu?il se serait apprêté à porter des accusations de corruption électorale contre un politicien local.
Santolia a été secouru par des résidents qui l?ont trouvé attaché avec du fil de fer barbelé après que ses ravisseurs l?eurent laissé pour aller chercher de l?essence afin de le brûler vivant. [Voir
www.reuters.com.]
Au moment où les Brésiliens se préparent au second tour de l?élection présidentielle, le 27 octobre, RSF invite les candidats à la présidence à appuyer des réformes juridiques en vue de confier aux autorités fédérales la responsabilité des enquêtes sur les assassinats de journalistes.
Après le passage récent d?une mission d?enquête dans l?État de Bahia, dans le nord-est du pays, RSF souligne que les meurtres non résolus de quelque quinze journalistes assassinés à Bahia depuis 1991 font ressortir le fait que ce sont les autorités locales ? plutôt que fédérales ? qui contrôlent les enquêtes policières.
Intitulé « Bahia : une culture de l?impunité ? », le rapport examine l?enquête officielle sur le meurtre du journaliste Manuel Leal de Oliveira, survenu à Itabuna en janvier 1998. L?enquête a découvert que la police locale avait fermé le dossier neuf mois plus tard, sans avoir procédé à la moindre arrestation.
Leal, qui était rédacteur en chef de l?hebdomadaire « Itabuna », avait publié un rapport accusant le maire d?Itabuna d?irrégularités financières. [Voir l?alerte de l?IFEX à
ifex.org].
Selon RSF, les candidats à la présidence devraient adopter un avant-projet de loi habilitant les autorités fédérales à enquêter sur les meurtres de journalistes et autres crimes contre les droits de la personne.
Consulter les sites suivants :
– Rapport de RSF « Bahia : une culture de l’impunité ? » à
www.rsf.org
– Projet « Impunité » de la SIP à
www.impunidad.com
– Rapport 2002 de la SIP sur le Brésil :
www.sipiapa.com
– Rapport 2002 du CPJ sur le Brésil :
www.cpj.org
– Rapporteur spécial de l?OEA :
www.cidh.oas.org