Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et lâorganisation américaine de défense de la liberté de la presse Freedom Forum (FF) rapportent que quatre journalistes libériens ont été remis en liberté le 30 mars après avoir séjourné plus dâun mois en prison. La libération des journalistes intervient après des protestations du syndicat des journalistes […]
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et lâorganisation américaine de défense de la liberté de la presse Freedom Forum (FF) rapportent que quatre journalistes libériens ont été remis en liberté le 30 mars après avoir séjourné plus dâun mois en prison. La libération des journalistes intervient après des protestations du syndicat des journalistes du Libéria (PUL) et dâorganisations internationales de défense des droits, dont le CPJ, qui accusent le gouvernement libérien de porter contre les journalistes des accusations dâespionnage inventées de toutes pièces.
Selon le CPJ, la police a effectué le 21 février une descente dans les bureaux du quotidien indépendant de Monrovia « The News » et procédé à lâarrestation du reporter Bobby Tapson, du directeur et rédacteur en chef Joseph Bartuah, du rédacteur en chef Abdullah Dukuly et du chef de la salle des nouvelles Jerome Dalieh. Ces arrestations ont été provoquées par un article de Tapson qui rapportait que le gouvernement avait dépensé récemment 50 000 $ US pour des réparations à un hélicoptère et encore 23 000 $ US à lâachat de cartes de Noël et de souvenirs. Tapson a remis en question ces dépenses, alors que les fonctionnaires nâont pas été payés depuis des mois. Selon le CPJ, le gouvernement a prétendu que cet article visait à révéler à une puissance étrangère certains secrets de la défense nationale. Avant dâêtre relâchés, précise FF, les journalistes ont signé une lettre conjointe dans laquelle ils sâexcusent auprès du public de tout inconvénient que leurs reportages aurait pu causer. FF ajoute cependant que le rédacteur en chef Bartuah défend le reportage qui a mené aux arrestations, et déclare quâil a été documenté minutieusement.
Selon lâUnion des journalistes dâAfrique de lâOuest (UJAO), les arrestations constituent les dernières dâune série de violations des droits des médias commises sous le gouvernement du président Charles Taylor. Le 8 juin 2000, des soldats en armes ont détenu le personnel de la rédaction du journal « The New Democrat » parce quâil avait publié des documents qui, au dire du ministère de la Défense, sâopposaient à la politique du gouvernement. Les journalistes ont fini par fuir le Libéria et se réfugier au Ghana. Le 15 mars 2000, des policiers armés ont cerné les installations des stations de radio « Star Radio » et « Radio Veritas » quâon a fermées après en avoir saisi lâéquipement. « Radio Veritas » a rouvert après dâintenses pressions du public et de sa propriétaire, lâÃglise catholique, mais « Star Radio » demeure fermée. En août dernier, quatre correspondants étrangers ont été arrêtés pour espionnage, rappelle lâUJAO. Lâéquipe de la chaîne de télévision britannique Chanel Four, chargée du tournage dâun documentaire, a passé plus dâune semaine en prison dans des conditions abominables, poursuit le CPJ. Les journalistes ont été remis en liberté après dâintenses pressions internationales et après avoir rédigé une lettre dâexcuses au gouvernement [voir le « Communiqué » 9-34 de lâIFEX].