La mission des Nations Unies au Kosovo a annoncé le 17 juin lâapplication de nouvelles mesures de contrôle sur les médias, ce qui a suscité les critiques de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et du Comité mondial pour la liberté de la presse (WPFC). Le chef de lâAdministration des Nations Unies au Kosovo (UNMIK), […]
La mission des Nations Unies au Kosovo a annoncé le 17 juin lâapplication de nouvelles mesures de contrôle sur les médias, ce qui a suscité les critiques de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et du Comité mondial pour la liberté de la presse (WPFC). Le chef de lâAdministration des Nations Unies au Kosovo (UNMIK), Bernard Kouchner, a nommé un Commissaire aux médias doté de vastes pouvoirs dâimposer des amendes, de fermer et de suspendre des publications. Les nouveaux règlements interdisent la publication dâindications personnelles â et même de citer des noms â si on juge que ces indications constituent une menace pour la vie des gens. Les règlements sur la publication des imprimés seront maintenus jusquâà ce quââil y ait une auto-réglementation efficace de la presse écriteâ, apprend-on dans un communiqué émis par la Mission au Kosovo de lâOrganisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OMIK).
Quant aux contrôles internationaux des médias dans les régions qui sortent dâun conflit, âil sâagit là dâun précédent troublant et dangereuxâ, a déclaré le secrétaire général de la FIJ, Aidan White. Le WPFC est du même avis, et ajoute que ces mesures âreprésentent un important exemple négatif, que les régimes autoritaires des Balkan et dâailleurs pourraient exploiter pour justifier des mesures semblablesâ.
Selon la FIJ, âla mesure fait suite à la crainte que lâincitation à lâintolérance et les propos haineux des journaux locaux ne conduisent à la violence; elle survient après que Kouchner fut intervenu pour suspendre le journal âDitaâ, qui avait dénoncé un traducteur serbe travaillant pour les Nations Unies, Petar Topoljski, lâaccusant de tenir des activités hostiles aux Albanais du Kosovo. Topoljski a par la suite été assassiné.â
âNous ne défendrons jamais lâincitation au meurtre, et les règles contre lâinformation qui mettent en danger la vie des gens sont compréhensibles, mais nous ne voyons pas comment justifier cette réglementationâ, a déclaré White. â[Ces règles] contredisent la Charte des médias, que la communauté internationale et les gouvernements de la région ont adoptée il y a quelques jours à peine, et qui fixe les principes du professionnalisme et de la démocratie dans les médias.â La FIJ affirme que les règles ne garantissent pas une procédure indépendante en matière dâappel et quâelles admettent la notion que lâon peut imposer des codes de conduite aux journalistes par des moyens juridiques. âOn coupe ainsi lâherbe sous le pied de lâAssociation des journalistes du Kosovo, qui tente dâétablir un système dâauto-réglementation.â
Le WPFC soutient pour sa part que âsi lâadministration des Nations Unies au Kosovo est véritablement intéressée à instaurer la suprématie du droit, elle doit sâappliquer à rétablir un système judiciaire composé de juges indépendants, et faire respecter des lois raisonnables adoptées dans le cadre dâun processus légitime, et non pas par la volonté unilatérale dâun vice-roi des Nations Unies qui instaure une censure internationale sur un territoire placé sous mandat des Nations Unies.â