La Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’Institut international de la presse (IIP) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) rapportent que deux journalistes allemands en mission au Kosovo ont été abattus par des inconnus le 13 juin aux limites de Dulje, au sud de la capitale, Pristina. Le photographe de presse Volker Kraemer […]
La Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’Institut international de la presse (IIP) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) rapportent que deux journalistes allemands en mission au Kosovo ont été abattus par des inconnus le 13 juin aux limites de Dulje, au sud de la capitale, Pristina. Le photographe de presse Volker Kraemer est mort instantanément tandis que son collègue Gabriel Gruener, un correspondant qui avait l’expérience des Balkans, est mort dans le véhicule qui le transportait à l’hôpital de Tetova, en Macédoine. Les deux journalistes collaboraient à l’hebdomadaire « Stern » de Hambourg. La FIJ rapporte également que leur interprète, Senolt Alit, un Albanais de Macédoine, a été trouvé mort un peu plus tard. Le CPJ précise qu’ils se rendaient tous les trois en Macédoine pour retransmettre leurs reportages lorsqu’ils ont été la cible de tireurs embusqués. Selon le CPJ, « arrivés sur les lieux peu de temps après la fusillade, les praticiens de âMédecins sans frontières’ ont déclaré que les journalistes semblaient avoir quitté leur voiture pour s’enfuir à pied et avoir été atteints sur la route par des tirs d’armes de longue portée ».
Pour sa part, David Chater, correspondant de la télévision britannique « British Sky », a déclaré aux reporters qu’il avait également été la cible de tireurs embusqués le 14 juin à Prizren, lieu d’un violent affrontement, au cours des deux jours précédents, entre les forces de l’OTAN et les paramilitaires et la police serbes. Le 27 mai, des tireurs embusqués avaient atteint le journaliste chilien Abner Machica d’une balle à la tête pendant qu’il filmait une scène à la frontière du Kosovo et de l’Albanie.
D’après le CPJ, ces fusillades « illustrent les dangers que courent tous les journalistes qui se risquent à entrer au Kosovo pour couvrir la mise en Åuvre du récent accord de paix ». Le CPJ et la FIJ exhortent les journalistes qui se trouvent dans des zones de conflit à porter des gilets pare-balles et à circuler de façon sécuritaire dans des véhicules blindés ou dans des convois. La FIJ implore « la communauté des médias à coopérer en adoptant un âCode international de conduite pour la pratique sécuritaire du journalisme’, qui assurerait que les employeurs donnent une formation convenable et qui offrirait la couverture d’une assurance à tous ceux qui travaillent à la collecte des informations ». Une version remise à jour du guide du CPJ intitulé « Journalists’ Guide to the Former Yugoslavia » [guide à l’intention des journalistes en ex-Yougoslavie] préparé par des étudiants de l’Ãcole de journalisme de l’Université Columbia est offerte sur Internet à http://www.jrn.columbia.edu/yugoguide.htm. »>http://www.jrn.columbia.edu/yugoguide.htm »>http://www.jrn.columbia.edu/yugoguide.htm.
Depuis qu’elle a commencé à bombarder la Yougoslavie le 24 mars, l’OTAN emploie une stratégie de communications douteuse, déclare Reporters sans frontières (RSF) dans un document publié le 15 juin qui s’intitule « Guerre en Yougoslavie : les âbavures’ médiatiques de l’OTAN ». « La reprise à leur compte de rumeurs, de chiffres exorbitants et invérifiables et l’utilisation d’un vocabulaire agressif ont renforcé les doutes quant à la bonne foi de certains responsables politiques et militaires occidentaux. » Et RSF pose la question : « Pour s’assurer [du « soutien du monde entier »], conditionné dans les sociétés démocratiques par l’adhésion de l’opinion publique, les responsables de l’OTAN auraient-ils pris quelques libertés avec la vérité? »
Le 14 juin, l’Association des médias électroniques indépendants (ANEM) a publié une déclaration dans laquelle elle condamne les menaces lancées récemment contre la liberté des médias en ex-Yougoslavie, notamment « le fait de porter des accusations pénales contre Zoran Malesevic, propriétaire de âRadio Senta’ et de âVK Radio’, à Kikinda; l’interdiction de âTélévision Mladenovac’ [le 12 juin]; et la poursuite de la confiscation des périodiques qui franchissent la frontière de la Yougoslavie », notamment du journal « Nezavisne Novine ». L’ANEM fait remarquer cependant que le radiodiffuseur indépendant de Sokobanja, « Télévision Soko », est de retour sur les ondes après avoir été interdit le 27 mars. Selon l’ANEM, « la répression des médias par les autorités s’est accentuée depuis la fin des bombardements de l’OTAN en Yougoslavie ». L’ANEM conclut que « la liberté des médias et la cessation de la diffusion systématique de la propagande mensongère dans les médias contrôlés par l’Ãtat constitue la première étape, l’une des plus importantes d’ailleurs, vers la démocratisation de la vie politique et sociale en Serbie. »