Reporters sans frontières (RSF) et le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) rapportent que les journalistes en poste dans le nord du Pakistan ont reçu des menaces de partisans des Talibans, au pouvoir en Afghanistan. Encore récemment, RSF signale que des inconnus ont proféré à plusieurs reprises des menaces de mort contre […]
Reporters sans frontières (RSF) et le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) rapportent que les journalistes en poste dans le nord du Pakistan ont reçu des menaces de partisans des Talibans, au pouvoir en Afghanistan. Encore récemment, RSF signale que des inconnus ont proféré à plusieurs reprises des menaces de mort contre Waliullah Salime, directeur de l’agence de nouvelles Sahaar News Agency, à Peshawar. Le 10 janvier dernier, M. Salime avait accordé une entrevue à Radio Téhéran, dans laquelle il analysait les motifs probables des meurtres de plusieurs Afghans vivant en exil dans le nord du Pakistan. Deux jours plus tard il recevait un appel de menaces d’un inconnu qui lui a dit « de se la fermer ou [qu’on] le ferait taire ». M. Salime a aussi donné une entrevue à Voice of America au sujet du trafic illicite de billes de bois auquel se livrent les partisans des Talibans dans la province afghane de la Kunar (à la frontière de la province Frontière du Nord-Ouest). Peu après, certains de ses amis lui ont dit de ne pas se rendre dans cette province parce qu’il y serait en danger. Selon RSF, « Salime n’attribue les menaces à personne ni aucun groupe, mais il laisse entendre que les Talibans ou certains groupes arabes radicaux, réagissant à un autre de ses reportages, pourraient être mêlés à ces manÅuvres de harcèlement ».
On rapporte dans le numéro de février du bulletin de RSF (no 35) qu’un certain nombre de journalistes, tant pakistanais qu’afghans, ont reçu des menaces des partisans des Talibans à Peshawar, dans la province Frontière du Nord-Ouest (NWFP). L’un d’eux, Saeed Iqbal Hashmi, du quotidien « Mashriq », a fui le pays après avoir reçu des menaces de mort pour avoir fait un reportage l’automne dernier sur des agressions sexuelles commises contre des garçons dans les « madrases », que RSF décrit comme des « écoles coraniques, d’où est issu le mouvement taliban au début des années 90 ». Selon RSF, « ce qu’a vécu Hashmi illustre le pouvoir grandissant des Talibans qui, après s’être emparés de presque tout l’Afghanistan, font sentir leur influence jusque dans les médias de la NWFP et dans les politiques de Peshawar ». En octobre, deux journalistes afghans installés à Peshawar ont été pris pour cibles par des individus armés « qui portaient tous deux la barbe et un turban noir ». Ce même mois, Abdul Hafiz Hamid Azizi, journaliste au quotidien « Sahaar », échappait à une tentative de meurtre. En novembre, c’est un ancien journaliste de la radio-télévision afghane qui était assassiné.
RSF et le WiPC rapportent également que Najida Sara Bibi, journaliste afghane et militante des droits des femmes travaillant pour la British Broadcasting Corporation (BBC), a été harcelée et attaquée dernièrement à Peshawar, où elle vit en exil. Ses agresseurs sont, selon le WiPC, « des inconnus qui auraient des liens avec l’armée des Talibans en Afghanistan », qui se sont aussi attaqués à d’autres journalistes de la région au cours des six derniers mois, « semble-t-il, parce qu’ils exprimaient une opinion contraire à celle des Talibans ». Le 6 octobre 1998, deux hommes ont tiré en direction de Mme Sara Bibi, qui n’a pas été touchée. Elle avait déjà reçu des menaces à de nombreuses reprises.
RSF et le WiPC affirment que les autorités n’ont pratiquement rien fait pour que cessent ces agressions. RSF prévient que l’influence des Talibans se répand au Pakistan, et qu’en Afghanistan, « la presse indépendante est disparue entièrement […] les derniers journalistes qui s’opposaient au chef spirituel des Talibans, le mollah Omar, ont dû fuir le pays par crainte d’être tués ou emprisonnés ».