Les Journalistes canadiens pour la liberté dâexpression (CJFE) rapportent que plus de deux cents personnes ont participé à Belgrade à la conférence âMédias pour une Europe démocratiqueâ, organisée par lâAssociation des médias électroniques indépendants (ANEM) et Radio B92. Dâautres groupes membres de lâIFEX ont participé à la conférence, notamment le Comité pour la protection des […]
Les Journalistes canadiens pour la liberté dâexpression (CJFE) rapportent que plus de deux cents
personnes ont participé à Belgrade à la conférence âMédias pour une Europe démocratiqueâ,
organisée par lâAssociation des médias électroniques indépendants (ANEM) et Radio B92.
Dâautres groupes membres de lâIFEX ont participé à la conférence, notamment le Comité pour la
protection des journalistes (CPJ), lâAssociation mondiale des radiodiffuseurs communautaires
(AMARC) et Index on Censorship. La conférence a été rendue possible grâce à lâappui du Conseil
de lâEurope, du âOpen Society Instituteâ, du âFund for an Open Society Instituteâ et de lâAgence
des Ãtats-Unis pour le développement international (USAID). La conférence a rassemblé des
représentants dâorganisations intergouvernementales et dâautres non gouvernementales, des
diplomates, des membres du réseau des diffuseurs privés de lâANEM, des stations indépendantes
de radio et de télévision de Yougoslavie (il y a en ce moment 33 stations de radio et 18 de
télévision en Serbie et au Monténégro), et dâautres médias indépendants de lâex-Yougoslavie. La
conférence devait dâabord avoir lieu en octobre mais avait dû être annulée à la dernière minute en
raison du refus des autorités de délivrer des visas à plusieurs participants de lâétranger. Cette fois-
ci, personne ne sâest vu refuser un visa.
Le mois de décembre marque le deuxième anniversaire de lâinterdiction qui avait été faite aux
stations Radio B92 et Radio Index de diffuser leur programmation lors des protestations et des
manifestations contre la volonté du gouvernement dâannuler la victoire de lâopposition aux
élections locales. Deux jours à peine après le début du brouillage des ondes, Radio B92 a
commencé à diffuser sur Internet.
Lâhistoire de Radio B92 et celle de lâANEM ont servi de point de départ à des débats sur la
création de réseaux parallèles et sur lâutilisation de la technologie de lâinformation pour déjouer la
censure. Toutefois, précise le CJFE, avec la répression qui sâest abattue sur les médias
indépendants pendant les mois dâoctobre et novembre, grâce notamment à un décret invoqué pour
suspendre trois quotidiens indépendants, et à la Loi sur lâinformation publique, entrée en vigueur
le 21 octobre, la conférence sâest concentrée sur les obstacles, juridiques et autres, qui entravent
la liberté des médias; elle a entendu des rapports de membres de lâANEM, de journaux et dâautres
médias de la région. Le Conseil de lâEurope, qui suit attentivement la situation des médias et qui a
suspendu les négociations sur lâadhésion de la République fédérale de Yougoslavie, a présenté une
opinion dâexperts sur la nouvelle loi, tandis que les services juridiques de lâANEM déclarent
utiliser tous les moyens dont ils disposent pour combattre la loi. Selon Milos Zivkovic, de
lâANEM, la nouvelle loi restrictive, rédigée en termes vagues, abolit la présomption dâinnocence
et le droit à une défense judiciaire, impose de lourdes amendes, permet dâattendre jusquâà
72 heures avant de porter des accusations et reçoit des applications encore plus restrictives.
Le premier journal visé par la nouvelle loi a été le âDnevni Telegrafâ, accusé rétroactivement à
cause dâun article paru le 19 octobre. LâANEM a appris le 7 décembre que la station de radio
âRadio/Télévision Pancevoâ (de la ville du même nom, en banlieue de Belgrade), qui est membre
de lâANEM et qui avait été invitée à déléguer un représentant à la conférence, devait comparaître
le jour même devant un tribunal pour répondre à des accusations portées aux termes de la
nouvelle loi. La cause est pendante. LâANEM, conjointement avec plusieurs organisations
internationales de défense de la liberté de la presse, et des représentants intergouvernementaux,
dont Freimut Duve, qui représente lâOSCE devant le groupe âFreedom of the Mediaâ, demandent
lâabolition de la loi et son remplacement par une autre, dont la rédaction serait confiée à la
collaboration de toutes les organisations intéressées.