L’avenir de l’Association des journalistes de la presse libre d’Éthiopie (Ethiopian Free Press Journalists Association, EFJA) est menacé depuis que le gouvernement éthiopien a décidé de suspendre les activités du groupe de défense de la liberté de la presse, dit le président de l’EFJA, Kifle Mulat. Le gouvernement éthiopien faisait parvenir le 10 novembre une […]
L’avenir de l’Association des journalistes de la presse libre d’Éthiopie (Ethiopian Free Press Journalists Association, EFJA) est menacé depuis que le gouvernement éthiopien a décidé de suspendre les activités du groupe de défense de la liberté de la presse, dit le président de l’EFJA, Kifle Mulat.
Le gouvernement éthiopien faisait parvenir le 10 novembre une lettre à l’EFJA, lui ordonnant de cesser ses activités sous prétexte qu’elle avait omis de présenter des rapports de vérification comptable des trois dernières années. La loi en Éthiopie exige de toutes les organisations non gouvernementales (ONG) qu’elles s’inscrivent auprès du ministère de la Justice et qu’elles présentent des rapports vérifiés de leur administration.
L’EFJA dit que l’affirmation du gouvernement est une excuse qui sert à pénaliser l’organisation parce qu’elle critique une loi controversée sur la presse, que le gouvernement étudie en ce moment.
Selon Mulat, son organisation n’avait pas à produire de rapport de vérification comptable, ses finances étant inférieures au seuil de 6 000 $ US, à partir duquel les ONG sont tenues de présenter des rapports. Il constate également que c’est la première fois en trois ans que le gouvernement remet en question l’enregistrement de l’EFJA.
Cette décision survient à la suite de commentaires tenus récemment par le ministre de l’Information d’Éthiopie, Bereket Simon, qui a accusé l’EFJA de « saper le journalisme responsable » dans le pays, rapporte l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (IRIN News). Simon a aussi accusé la Fédération internationale des journalistes et le Comité pour la protection des journalistes de « se livrer à des critiques injustifiées » du projet de loi, affirmant que ces deux groupes l’avaient critiqué sans l’avoir lu.
ARTICLE 19 vient de publier une analyse juridique de la loi sur la presse, et dit qu’elle contrevient aux normes internationales en matière de libre expression. ARTICLE 19 soutient que l’exigence faite aux journalistes et à tous les médias de la presse écrite de s’inscrire auprès des autorités ouvre la porte aux abus et aux restrictions iniques de la liberté d’expression.
Bien que l’Éthiopie n’ait plus la distinction d’être le premier pays geôlier de journalistes de toute l’Afrique, le CPJ souligne qu’un certain nombre d’autres lois et règlements continuent de nuire au développement d’une presse libre et indépendante.
On parle notamment du recours fréquent à un Code pénal vieux de 40 ans pour incarcérer les journalistes, même si le code aurait dû être remplacé par l’actuelle Constitution, et de l’invocation de la Proclamation no 34 sur la presse, qui attribue au gouvernement des pouvoirs étendus pour poursuivre et emprisonner les journalistes pour « tout délit criminel commis contre la sûreté de l’État ».
L’EFJA demande aux organisations de défense de la liberté de la presse et à ses collègues du monde entier de faire parvenir des lettres de protestation au gouvernement éthiopien.
Pour plus de précisions, consulter : http://www.rap21.org/rubrique.php3?id_rubrique=394
– Analyse de la Loi sur la presse par ARTICLE 19 : http://www.article19.org/docimages/1513.doc
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?index=56&Language=EN
-CPJ : http://www.cpj.org/protests/03ltrs/Ethiopia22may03pl.html
– IRIN News : http://www.irinnews.org/report.asp?ReportID=37374&SelectRegion=Horn_of_Africa&SelectCountry=ETHIOPIA
(L’image: © IRIN News)