Au Soudan, où se déroule l’une des pires crises des droits de la personne dans le monde, l’absence de nouvelles est devenue synonyme de mauvaises nouvelles. Tandis que les milices arabes soutenues par le gouvernement mènent ce que les Nations Unies qualifient de campagne de la « terre brûlée » contre une population estimée à […]
Au Soudan, où se déroule l’une des pires crises des droits de la personne dans le monde, l’absence de nouvelles est devenue synonyme de mauvaises nouvelles. Tandis que les milices arabes soutenues par le gouvernement mènent ce que les Nations Unies qualifient de campagne de la « terre brûlée » contre une population estimée à 870 000 personnes environ, des civils pour la plupart, les autorités soudanaises imposent un embargo sur l’information, selon ce que rapportent Human Rights Watch et Reporters sans frontières (RSF).
La condamnation, la semaine dernière, du reporter d’Al-Jazirah Islam Salih à un mois de prison et à une amende d’un million de livres soudanaises (env. 3 800 $ US) constitue le dernier exemple des tentatives du gouvernement pour camoufler les atrocités qui se commettent contre les civils au Darfour, dit RSF.
Salih a été reconnu coupable le 13 avril de « diffusion de fausses informations ». Avant sa condamnation, les autorités l’avaient menacé d’une action punitive s’il ne modérait pas le ton de sa couverture de la situation au Darfour et des autres questions liées aux droits de la personne au Soudan, dit RSF. Les autorités ont également fermé le bureau d’Al-Jazirah. RSF demande la remise en liberté immédiate de Salih.
Par ailleurs, le groupe Human Rights Watch presse la Commission des droits de l’homme des Nations Unies de condamner les « crimes contre l’humanité » commis au Soudan par les forces gouvernementales et leurs milices alliées, et de désigner à nouveau un rapporteur spécial afin de surveiller les violations des droits de la personne dans le pays. L’an dernier, cet organisme de défense des droits de la personne a voté la fin du mandat de dix ans du rapporteur sous prétexte que le gouvernement et les forces rebelles dans le sud du Soudan travaillaient à rétablir la paix.
Selon Human Rights Watch, les forces gouvernementales et les milices qui lui sont alliées ont tué des milliers de personnes et en ont obligé jusqu’à 870 000 autres à fuir leurs demeures, dans la brutale guerre livrée contre les rebelles insurgés au Darfour. Au moins 120 000 de ces réfugiés ont traversé la frontière pour se rendre au Tchad voisin. Les cibles principales sont les civils de la même ethnie que les rebelles, dit Human Rights Watch. Des villages ont été bombardés, brûlés et pillés, et des milliers de personnes ont été assassinées et violées.
Lire le rapport détaillé de Human Rights Watch sur le Darfour : http://hrw.org/reports/2004/sudan0404/
Consulter les mises à jour de l’IFEX sur la situation au Soudan :
http://ifex.org/en/content/view/full/42/
(Image: © Human Rights Watch)