Au Bangladesh, il faut vraiment du courage pour être journaliste, dit le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Des politiciens qui ont des liens avec des organisations criminelles font couramment appel à des fiers-à-bras pour malmener ceux qui couvrent les affaires de corruption pendant que la police regarde ailleurs. Qui plus est, la vive […]
Au Bangladesh, il faut vraiment du courage pour être journaliste, dit le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Des politiciens qui ont des liens avec des organisations criminelles font couramment appel à des fiers-à-bras pour malmener ceux qui couvrent les affaires de corruption pendant que la police regarde ailleurs. Qui plus est, la vive rivalité qui oppose les deux principaux partis politiques du pays force les médias à prendre parti.
Dans un dossier rendu public récemment, le CPJ examine les conditions qui ont transformé le journalisme indépendant en l’une des professions les plus dangereuses du Bangladesh.
L’un des facteurs est le climat politique fortement polarisé qui divise le pays, y compris les journalistes eux-mêmes, indique le CPJ. Deux des partis politiques les plus influents du pays, le Parti Nationaliste du Bangladesh (BNP), au pouvoir, et la Ligue Awami (AL), d’opposition, font régulièrement appel à des groupes d’étudiants pour recruter des partisans sur les campus universitaires. Ces groupes utilisent des hommes de main armés pour intimider les gens et les amener à voter pour leur parti. Les journalistes qui parlent de cette situation deviennent immédiatement des cibles.
L’intense rivalité entre le BNP et l’AL a créé une fissure au sein de la communauté journalistique elle-même, dit le CPJ. Tous les syndicats de journalistes du pays sont partagés selon les lignes de parti, soit pro-BNP ou pro-AL.
Dans la ville de Pirojpur, au sud-ouest du Bangladesh, la violence contre les journalistes est particulièrement répandue, dit le CPJ. Cinq journalistes ont été tués au cours des quatre dernières années, dont le reporter chevronné Manik Saha (voir : http://ifex.org/fr/content/view/full/56397/).
Selon un avocat de l’endroit, des organisations criminelles dirigées par des politiciens ont « institutionnalisé une structure de terreur », qui empêche la police d’agir contre ceux qui attaquent les journalistes, en raison de rackets de protection.
En dépit de ces conditions en apparence fortement défavorables, cependant, de nombreux journalistes continuent de travailler au front, et démontrent ainsi ce que le CPJ qualifie de « vrai courage ».
Lire le rapport complet à : http://www.cpj.org/Briefings/2004/DA_spring04/Bangla_DA.pdf