Dans la province d’Aceh, en Indonésie, l’une des zones les plus durement frappées par le tsunami qui a dévasté les communautés côtières de l’Asie du Sud, les journalistes et le personnel de soutien du « Serambi Indonesia » refusent de succomber à la tragédie. En dépit de la mort de la moitié des employés, le […]
Dans la province d’Aceh, en Indonésie, l’une des zones les plus durement frappées par le tsunami qui a dévasté les communautés côtières de l’Asie du Sud, les journalistes et le personnel de soutien du « Serambi Indonesia » refusent de succomber à la tragédie. En dépit de la mort de la moitié des employés, le journal – unique quotidien indépendant de l’Aceh – continue à paraître, selon ce que rapporte l’ Association mondiale des journaux (AMJ).
Le tsunami a tué la moitié du personnel du « Serambi Indonesia », qui comptait 200 personnes, et a détruit son imprimerie. Beaucoup de survivants ont perdu des membres de leur famille, et la plupart d’entre eux ont perdu leur domicile. Malgré cela, le journal, basé à Banda Aceh, l’une des villes les plus durement touchées, a recommencé à paraître cinq jours après le désastre, et apporte des informations vitales pour la population locale, comme où trouver de la nourriture, de l’aide médicale et des nouvelles sur les proches parents, la famille et les amis.
Le journal arrive à faire tout cela en publiant à partir d’un petit bureau et d’une imprimerie improvisés situés à une autre installation à Lhokseumawe, à cinq heures de route de Banda Aceh, dit l’AMJ. Le premier numéro paru après le désastre portait une manchette qui disait « Le choléra menace nos réfugiés » et présentait un numéro de téléphone et un message pressant les employés de communiquer avec le journal et de faire savoir qu’ils sont toujours vivants. Le journal a été distribué gratuitement pendant près de deux semaines à la suite du désastre et se vend maintenant 1 500 roupies (0,16 $ US).
« La plupart des reporters et des travailleurs ont perdu leur famille, leur maison, tout ce qu’ils avaient », dit Sentrijanto, directeur de PT Indopersta Primamedia, une société en holding possédant dix journaux indonésiens, dont le « Serambi Indonesia ». « L’entreprise dépense de l’argent tous les jours sans tirer de recettes parce qu’il n’y a pas de publicités et que le journal a été distribué gratuitement. » Et pourtant, le personnel du journal « estimait qu’il était de sa responsabilité [de la faire] en tant que seul journal local publié en Aceh », dit-il.
L’AMJindique que les personnes qui souhaitent apporter une aide financière au « Serambi Indonesia » aux employés et à leurs familles peuvent communiquer avec Sentrijanto à sentrijanto@persda.co.id
Aliansi Jurnalis Independen (AJI), groupe indonésien membre de l’IFEX, accepte aussi les dons pour les journalistes indonésiens et leurs familles. Pour plus de renseignements sur la façon de contribuer, communiquer avec : sekretariatnya_AJI@yahoo.com
« Serambi Indonesia » joue un rôle extraordinaire en Aceh en fournissant de l’information et de l’éducation sur le conflit, qui dure depuis des décennies, entre les forces gouvernementales et les rebelles séparatistes, dit Eddy Suprapto de l’AJI.
Supprimé sous la dictature de l’ancien président Suharto, le journal est sorti de l’ombre après que les manifestations en faveur de la démocratie eurent contraint Suharto à quitter le pouvoir en 1998, rapporte l’Associated Press. Après 1998, le journal a commencé à couvrir plus librement l’actualité sur les rebelles du Mouvement Aceh libre (GAM), citant leurs commandants pour la première fois.
Mais en 2004, l’armée indonésienne a menacé de fermer le « Serambi Indonesia » si ses journalistes ne cessaient pas de demander aux rebelles des commentaires pour les ajouter à leurs reportages. Les rebelles du GAM ont eux aussi critiqué et menacé le journal, l’accusant de se ranger du côté du gouvernement.
L’absence de sources d’informations indépendantes dans l’Aceh en guerre constitue une cause d’inquiétude particulière pour les organisations de défense de la libre expression. Avant le tsunami, l’Aceh était en état d’urgence civile en raison des combats incessants entre les rebelles du GAM et les forces armées indonésiennes, dit Human Rights Watch. Une série de réglementations gouvernementales depuis la reprise des opérations militaires en mai 2003 avait aussi gravement restreint l’accès des organisations humanitaires internationales, des médias étrangers et des surveillants indépendants à la province d’Aceh.
Pour plus de renseignements, aller à :
– AMJ : http://www.wan-press.org/article6116.html
– Human Rights Watch : http://www.hrw.org/english/docs/2005/01/06/indone9955.htm
– AP : http://www.newssafety.com/stories/ap/aceh03.htm
– AJI: http://www.seapabkk.org/column/2005/01/20050101.html
– Serambi: http://www.serambinews.com/