Plus d’une décennie après l’avènement de la démocratie en Russie, les médias sont loin d’être libres, dit le journaliste Grigory Pasko. Prenant la parole à Toronto, au Canada, lors d’un événement le 21 février 2005 parrainé conjointement par les Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), le PEN Canada et Amnistie Internationale, le journaliste en […]
Plus d’une décennie après l’avènement de la démocratie en Russie, les médias sont loin d’être libres, dit le journaliste Grigory Pasko. Prenant la parole à Toronto, au Canada, lors d’un événement le 21 février 2005 parrainé conjointement par les Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), le PEN Canada et Amnistie Internationale, le journaliste en visite prévient que la Russie sous le président Vladimir Poutine régresse vers l’époque de la répression, où la censure était une des caractéristiques du régime communiste d’Union soviétique.
« On ne peut dire qu’il y ait vraiment de liberté pour les médias en Russie aujourd’hui », dit Pasko. « Il y a très peu de journaux qui soient indépendants des autorités, et à l’extérieur de Moscou, c’est à peine s’ils existent. »
Pasko a passé deux ans en isolement cellulaire après avoir attiré l’attention sur la pratique de la marine russe qui jetait des déchets nucléaires dans la mer du Japon. Il a été libéré conditionnellement en janvier 2003, en raison surtout des pressions internationales. « J’ai reçu 30 000 lettres en prison », dit-il.
Selon Pasko, les modifications apportées aux lois ces quelques dernières années ont entraîné en Russie un recul de la liberté de la presse et de la démocratie. Parmi ces modifications, on note une loi antiterroriste qui entrave gravement la liberté d’expression, une autre qui retire le droit de tenir des référendums et des lois fiscales qui accordent à l’État des pouvoirs accrus pour contrôler la façon dont les organisations non gouvernementales reçoivent des fonds de l’étranger.
Le passage de Pasko survient deux jours avant l’arrivée en Slovaquie du président des États-Unis George W. Bush, qui doit rencontrer Poutine. Au début de la semaine, Freedom House et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ont écrit à Bush pour le prier de se montrer plus exigeant à l’égard de la Russie sur son dossier en matière de liberté de la presse.
Le CPJ fait part de son extrême préoccupation devant le « déclin spectaculaire » de la liberté de la presse, et mentionne l’impunité qui entoure les meurtres des journalistes, une série de propositions de restrictions juridiques pour la presse, la poursuite de la persécution des journalistes qui rapportent des nouvelles sur la guerre en Tchétchénie, ainsi que la censure routinière des stations de télévision régionales, comme éléments qui ont renforcé le contrôle, à la soviétique, du Kremlin sur les médias indépendants.
Freedom House presse le président Bush de profiter de sa rencontre avec Poutine le 24 février pour l’interpeller publiquement sur son « parcours autoritaire » et mettre la démocratie au c?ur de la politique américaine vis-à-vis de la Russie.
Le 21 février, Bush a prononcé à Bruxelles un discours dans lequel il a pressé la Russie de renouveler son engagement à respecter la démocratie et la règle de droit. « Nous devons toujours rappeler à la Russie que notre alliance représente la liberté de la presse, une opposition dynamique, le partage du pouvoir et la règle de droit. Les États-Unis et tous les pays d’Europe doivent mettre la réforme démocratique au c?ur de leur dialogue avec la Russie », a-t-il dit.
Consulter :
– Le supplice de Pasko : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=4770&var_recherche=pasko
– Interview de Pasko dans le Toronto Star : http://tinyurl.com/44rlb
– CJFE : http://www.cjfe.org/eng/about/events.html#pasko
– Lettre du CPJ à Bush : http://www.cpj.org/protests/05ltrs/Russia20feb05pl.html
– Freedom House : http://www.freedomhouse.org/media/pressrel/021805.htm
– Associated Press : http://abcnews.go.com/International/wireStory?id=522404