Dans un jugement que la Société interaméricaine de la presse (SIP) qualifie de recul pour la liberté de la presse, la Cour suprême du Paraguay a ordonné au directeur d’un important quotidien de verser une amende substantielle pour avoir diffamé un sénateur du Parti Colorado, le parti au pouvoir, selon ce que rapportent la SIP, […]
Dans un jugement que la Société interaméricaine de la presse (SIP) qualifie de recul pour la liberté de la presse, la Cour suprême du Paraguay a ordonné au directeur d’un important quotidien de verser une amende substantielle pour avoir diffamé un sénateur du Parti Colorado, le parti au pouvoir, selon ce que rapportent la SIP, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Le 28 décembre 2005, la Cour a ordonné à Aldo Zuccolillo, directeur de « ABC Color », de payer 1,3 milliard de guaranís (200 000 $ US) à Juan Carlos Galverna. Galverna avait soutenu que Zuccolillo avait entaché sa réputation en publiant des articles qui l’accusaient de corruption, de détournement de fonds et d’abus de pouvoir.
Entre juin 1997 et décembre 1998, le journal a publié des articles qui accusaient Galverna d’avoir « accepté des séjours gratuits à Hôtel Guaraní d’Asunción, de figurer sur une liste d’emprunteurs bancaires à haut risque, de trafic d’influence et d’avoir protégé politiquement celui qui à l’époque était président de la Banque nationale des Travailleurs, et qui a plus tard été condamné à 10 ans de prison pour avoir saigné à blanc la banque », rapporte le SIP.
Zuccolillo doit répondre à 17 autres poursuites pour des articles que son journal a publiés ces dernières années sur la corruption dans les milieux officiels, dit le CPJ.
Zuccolillo s’apprête à interjeter appel du jugement de la Cour suprême auprès de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, qui est habilitée à adresser les affaires à la Cour interaméricaine des droits de l’homme (IACHR) au Costa Rica. La cour est une émanation de l’Organisation des États américains et ses décisions ont force de loi dans les pays qui acceptent sa compétence.
Selon le CPJ, le jugement de la Cour suprême semble contredire un autre jugement de l’IACHR, de septembre 2004, qui a statué qu’une déclaration de culpabilité dans une affaire de diffamation pénale contre le politicien paraguayen Ricardo Canese violait la Convention américaine relative aux droits de l’homme, que la Paraguay a ratifiée.
Cette décision faisait suite à un jugement historique de l’IACHR, en août 2004, qui avait statué que le Costa Rica avait violé cette même convention lorsque ses tribunaux avaient reconnu le journaliste Mauricio Herrera Ulloa coupable de diffamation pénale. L’IACHR avait jugé que la critique des personnalités publiques doit avoir « une marge de man?uvre afin de permettre qu’ait lieu un grand débat sur les affaires d’intérêt public ».
Consulter les sites suivants :
– SIP: http://www.sipiapa.com/pressreleases/chronologicaldetail.cfm?PressReleaseID=1551
– Dossier de la SIP sur le Paraguay :
http://www.sipiapa.org/pulications/informe_paraguay2005o.cfm
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2006/americas/Paraguay06jan06na.html
– Dossier du CPJ sur le Paraguay :
http://www.cpj.org/attacks04/americas04/paraguay.html
– RSF: http://www.rsf.org/article.php3?id_article=16074
– Décision de l’IACHR sur Ricardo Canese : http://www.corteidh.or.cr/seriec/seriec_111_esp.doc
– Convention américaine relative aux droits de l’homme : http://www.cidh.oas.org/Basicos/basic3.htm
– Commission interaméricaine des droits de l’homme : http://www.cidh.oas.org/DefaultE.htm
– IFEX : http://ifex.org/en/content/view/full/236/
– Réseau des droits de la personne du Paraguay (CODEHUPY) : http://www.codehupy.org/