Gustavo Rojas Gabalo, populaire animateur d’une émission de radio de Montería, en Colombie, est mort le 20 mars 2006, plus de six semaines après avoir été atteint de coups de feu à la tête, rapportent la Fondation pour la liberté de la presse (Fundación para libertad de la prensa, FLIP) et Reporters sans frontières (RSF). […]
Gustavo Rojas Gabalo, populaire animateur d’une émission de radio de Montería, en Colombie, est mort le 20 mars 2006, plus de six semaines après avoir été atteint de coups de feu à la tête, rapportent la Fondation pour la liberté de la presse (Fundación para libertad de la prensa, FLIP) et Reporters sans frontières (RSF).
Rojas a été abattu le 4 février après avoir couvert plusieurs festivals près de Montería pour « Radio Panzenú ». Quelques minutes avant l’attentat, il avait été impliqué dans un léger accident de la circulation, dans lequel il avait échangé avec le conducteur de l’autre voiture des propos enflammés.
Le chef de la police de Montería, Jaime Velasco, a informé la FLIP que l’accident de la circulation était traité comme mobile possible de l’attentat. Il a déclaré cependant que la police n’écartait pas la possibilité que le journaliste ait été agressé pour des raisons liées à son travail. Celui qui était connu dans les médias locaux sous le sobriquet de « El Gaba » n’avait pas signalé avoir reçu des menaces. La FLIP enquête pour savoir si Rojas a été tué à cause de sa pratique du journalisme.
En tant qu’animateur de « El show de Gaba » sur Radio Panzenú, Rojas exprimait souvent des plaintes des journalistes et d’autres citoyens au sujet de la conduite de personnages publics à Montería.
Selon RSF, Rojas est le quatrième journaliste tué en Colombie depuis janvier. Sa mort survient au moment où les journalistes du pays, en particulier ceux des provinces où se livrent de féroces combats entre les forces gouvernementales et la guérilla, subissent d’intenses pressions pour qu’ils évitent de couvrir les questions controversées.
Un récent rapport du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), établi d’après des interviews avec plus de 30 reporters de province, révèle que l’autocensure est très largement répandue dans les zones touchées par des conflits. Les journalistes ont dit qu’ils se la fermaient systématiquement parce qu’ils craignent des représailles physiques de la part de la guérilla de gauche et des paramilitaires de droite, tout comme le harcèlement des troupes gouvernementales et des pouvoirs en place.
Dans d’autres affaires, des journalistes ont dit qu’ils étaient contraints d’abandonner certains reportages à la suite de mesures d’intimidation. D’après le rapport, l’autocensure est la plus forte dans les zones de province, là où la présence du gouvernement est faible et la protection de l’État, minimale.
La semaine dernière, le CPJ a rencontré à Bogotá le président Alvaro Uribe et le vice-président Francisco Santos, pour leur faire part de préoccupations concernant la sécurité des journalistes.
Uribe, qui sollicite le 28 mai prochain un deuxième mandat à la présidence, a émis une déclaration dans laquelle il exprime son soutien au travail des journalistes de province qui couvrent l’actualité sous la menace de la violence et souligné que tout fonctionnaire qui nuit à leur travail « commet un crime contre la démocratie ». « Nous n’aurons de cesse qu’il n’y ait plus un seul journaliste menacé ou assassiné », a déclaré Uribe.
Le président a réaffirmé son appui à la liberté de la presse et a dit que bien qu’il n’aime pas que les médias diffusent des entrevues de combattants de la guérilla et des paramilitaires, son gouvernement respecte leur droit de le faire. Santos a déclaré au CPJ qu’il allait se rendre régulièrement dans les zones de province rencontrer les journalistes et les autorités afin de combattre l’autocensure.
Consulter les sites suivants :
– FLIP : http://ifex.org/en/content/view/full/73059/
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=16382
– Rencontre du CPJ avec Uribe : http://www.cpj.org/news/2006/americas/colombia15mar06na.html
– Rapport du CPJ sur la Colombie : http://www.cpj.org/Briefings/2005/DA_fall05/colombia/colombia_DA_fall_05.html
– Alertes de l’IFEX sur la Colombie : http://ifex.org/en/content/view/full/133/
– Human Rights Watch : http://hrw.org/english/docs/2006/01/18/colomb12206.htm
– Rapport du Rapporteur de l’OEA sur la libre expression : http://www.cidh.org/Relatoria/ShowDocument.asp?DocumentID=153
– Rapport des Nations Unies sur la libre expression en Colombie : http://tinyurl.com/f5th2