Les conditions de la libre expression au Tajdikistan, pays d’Asie centrale, semblent s’être améliorées en 2006, dit l’Association nationale des médias indépendants du Tadjikistan (NANSMIT), organisation partenaire d’Adil Soz. Le groupe prévient toutefois que de graves problèmes persistent, et reprend à son compte les conclusions des dossiers du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) […]
Les conditions de la libre expression au Tajdikistan, pays d’Asie centrale, semblent s’être améliorées en 2006, dit l’Association nationale des médias indépendants du Tadjikistan (NANSMIT), organisation partenaire d’Adil Soz. Le groupe prévient toutefois que de graves problèmes persistent, et reprend à son compte les conclusions des dossiers du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et de Reporters sans frontières (RSF).
Selon la NANSMIT, une des améliorations se trouve dans la signature en mars 2005 d’un décret présidentiel qui accorde aux médias un plus grand accès aux renseignements que détient le gouvernement.
Le décret requiert des ministres du gouvernement et des dirigeants des organismes locaux de l’État qu’ils tiennent tous les trimestres des conférences de presse pour les journalistes et fournissent les renseignements à la demande des journalistes.
En pratique, cependant, la bureaucratie gouvernementale ne suit pas toujours les nouvelles règles, fait remarquer la NANSMIT. Certains gestionnaires intermédiaires continuent de nier aux journalistes l’accès aux responsables du gouvernement.
La NANSMIT relève une autre tendance positive dans le nombre croissant de journalistes disposés à défendre leurs droits en cour. En 2006, six poursuites ont été intentées au nom des journalistes devant les tribunaux tadjiks, dont trois contestaient des jugements antérieurs.
En dépit de gains limités, la presse du Tadjikistan demeure loin d’être libre. Selon la NANSMIT, un nombre grandissant de poursuites civiles en diffamation est déposé contre les journalistes. On a recensé 19 de ces poursuites en 2006. Et les menaces contre les journalistes persistent.
Le rapport du CPJ sur le Tadjikistan est beaucoup plus critique. Il soutient que « le président [du Tadjikistan] Imomali Rakhmonov a enterré les médias indépendants et internationaux sous une tempête de règlements arbitraires pour l’attribution des permis, de restrictions en matière de contenu et de droits à payer ».
Pendant la période précédant l’élection présidentielle de novembre 2006, et à propos de laquelle l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a déclaré qu’elle ne répondait pas aux normes internationales, le gouvernement Rakhmonov a limité la couverture critique des nouvelles, rappelle le CPJ. « Aucun quotidien n’a circulé au Tadjikistan; les hebdomadaires indépendants ont été supprimés; les stations de radio et de télévision étrangères ont été bannies des ondes, tandis que les sites Internet de nouvelles critiques ont été bloqués ».
Pendant l’année 2006, les régulateurs et les tribunaux se sont activés à étouffer les radiodiffuseurs locaux indépendants, dit le CPJ. En juin, le ministère des Communications a empêché huit sociétés de télévision et de radio indépendantes de partager les nouvelles et des bandes vidéo de divertissement, disant que ces échanges violaient les lois sur l’attribution des permis.
Des fonctionnaires du gouvernement ont également bloqué l’accès local aux publications sur Internet, qui comptaient parmi les dernières sources de nouvelles indépendantes. En octobre, on a bloqué l’accès à cinq sites qui présentaient des nouvelles sur la situation au Tadjikistan et en Asie centrale, publiées à partir de l’étranger. Les sites web – Centrasia, Ferghana, Arianastorm, Charogiruz et Tajikistantimes – couvrent souvent des violations des droits de la personne et les politiques restrictives du gouvernement au Tadjikistan et dans les autres pays d’Asie centrale.
Par ailleurs, le code criminel du Tadjikistan interdit la critique publique du président et prévoit une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.
Dans son rapport sur le Tadjikistan, RSF se concentre aussi sur la couverture médiatique inégale des élections présidentielles. En dépit d’un décret présidentiel de septembre dernier qui accorde à chaque candidat 30 minutes de temps d’antenne à la télévision nationale, les adversaires de Rakhmonov n’ont eu droit chacun qu’à une période variant entre cinq et quinze minutes.
Consulter les sites suivants :
– NANSMIT : http://ifex.org/en/content/view/full/80835/
– Adil Soz : http://www.adilsoz.kz/
– RSF : http://www.rsf.org/une_pays-31.php3?id_mot=333&Valider=OK
– CPJ : http://www.cpj.org/attacks06/europe06/taj06.html
– Ferghana News Agency : http://enews.ferghana.ru/
– Institute for War and Peace Reporting : http://www.iwpr.net/