Depuis quelques mois, au moins huit journalistes et militants des droits de la personne sont interdits de voyager à l’étranger par les autorités iraniennes, ce qui les empêche d’exprimer leurs vues lors de conférences internationales, rapporte Human Rights Watch. L’incident le plus récent est survenu le 4 février 2007, lorsque Hashim Aghajari et Abdullah Momeni […]
Depuis quelques mois, au moins huit journalistes et militants des droits de la personne sont interdits de voyager à l’étranger par les autorités iraniennes, ce qui les empêche d’exprimer leurs vues lors de conférences internationales, rapporte Human Rights Watch.
L’incident le plus récent est survenu le 4 février 2007, lorsque Hashim Aghajari et Abdullah Momeni ont été empêchés de monter à bord d’un avion qui devait les emmener à Boston, où ils étaient invités à participer au Massachusetts Institute of Technology à une conférence sur la réforme politique en Iran.
Aghajari est professeur d’histoire à l’Université Tarbiat Modares de Téhéran, et Momeni est porte-parole d’une organisation d’anciens militants étudiants. Des officiels du ministère de l’Information ont confisqué leurs passeports et leur ont dit que le Tribunal révolutionnaire leur interdisait de se déplacer à l’étranger.
Lors d’un autre incident, les autorités ont détenu Mansoureh Shojai, Sadigheh Tal’at Taghinia et Farnaz Seifi, trois journalistes et militantes des droits des femmes, tandis qu’elles s’apprêtaient à monter à bord d’un avion qui devait les emmener en Inde participer le 27 janvier à un atelier sur le journalisme. Les forces de sécurité ont ensuite fouillé les domiciles des femmes et ont confisqué des effets personnels, notamment des téléphones portables, des ordinateurs, des livres et des notes. Les femmes ont été dirigées vers la prison Evin de Téhéran, où elles ont été interrogées. Le 28 janvier, elles ont été inculpées d’avoir « agi contre la sécurité nationale » et ont été libérées sous caution.
Le 13 janvier, les forces de sécurité de l’aéroport ont empêché Taghi Rahmani, un écrivain et militant de la société civile, de prendre place dans un avion en partance pour le Danemark, où l’Association PEN du Danemark l’avait invité à prononcer une série de conférences. Rahmani s’est fait enlever son passeport.
Parmi les autres journalistes et militants des droits de la personne qui se sont fait interdire de voyager à l’étranger, on compte la militante des droits des femmes Sussan Tahmasebi, ainsi que Ali Farahbakhsh, journaliste et économiste, détenu à la prison Evin.
Depuis un an, plusieurs autres écrivains et éminents défenseurs des droits de la personne ont ainsi été bloqués, dont Issa Saharkhiz, Emad Baghi, Fatimeh Govarai et Ahmad Ghabel.
Reporters sans frontières (RSF) ajoute que 21 journalistes iraniens ont été retenus en novembre dernier à l’aéroport de Téhéran, à leur retour d’un cours de formation aux Pays-Bas. On les a interrogés pendant plusieurs heures et on leur a confisqué ordinateurs, cahiers de notes et autres matériaux.
La loi iranienne, dit Human Rights Watch, n’autorise l’interdiction des voyages à l’étranger que lorsqu’une ordonnance du tribunal a été émise contre une personne inculpée formellement de délits criminels. Cependant, aucun des militants et des journalistes qui se sont vu imposer une interdiction de voyage à l’étranger n’a été inculpé du moindre délit.
Depuis l’élection, en 2005, du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, la situation des écrivains s’est détériorée en Iran, indique Human Rights Watch. Les autorités répriment systématiquement la liberté d’expression et d’opinion en fermant les journaux et en incarcérant journalistes et rédacteurs. Les rares quotidiens indépendants qui restent pratiquent l’autocensure à un degré élevé. Un grand nombre d’écrivains et d’intellectuels ont quitté le pays, sont en prison ou ont cessé de critiquer le gouvernement dans leurs écrits.
La presse du pays étant étroitement contrôlée par les autorités, la lutte pour la libre expression en Iran se déroule de plus en plus sur Internet, médium extrêmement populaire pour accéder à des renseignements et pour exprimer critiquer le gouvernement.
Ceux qui en courent le risque, cependant, et qui contestent le statu quo sont punis avec rigueur. Depuis 2003, en effet, 28 blogueurs et journalistes en ligne ont été incarcérés, indique ARTICLE 19, et tout indique que l’autocensure prend de l’ampleur également chez les usagers de l’Internet.
Consulter les sites suivants :
– Human Rights Watch : http://hrw.org/english/docs/2007/02/08/iran15283.htm
http://hrw.org/englishwr2k7/docs/2007/01/11/iran14703.htm
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=20362
– Persian Impediment Campaign : http://www.persianimpediment.org/
– Alertes de l’IFEX sur l’Iran : http://ifex.org/en/content/view/full/221/
– Iran Watch Canada : http://moriab.blogspot.com/
– Les États-Unis et l’Iran – La Logique de guerre : http://www.opendemocracy.net/conflict/us_iran_4306.