Un certain patron de jugements émanant de cours punitives semble avoir été conçu pour faire pression sur la presse indépendante du pays ou pour la paralyser financièrement, conclut une délégation du Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Le CPJ rapporte que les tribunaux marocains imposent depuis deux ans de lourdes pénalités aux entreprises de […]
Un certain patron de jugements émanant de cours punitives semble avoir été conçu pour faire pression sur la presse indépendante du pays ou pour la paralyser financièrement, conclut une délégation du Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Le CPJ rapporte que les tribunaux marocains imposent depuis deux ans de lourdes pénalités aux entreprises de presse indépendantes, ce qui a mené dans les faits à bannir de leur profession deux des journalistes les plus réputés du pays, et en a incité un troisième à abandonner le journalisme, et donc à faire taire les voix critiques.
Dans un cas, l’hebdomadaire indépendant d’informations « Le Journal Hebdomadaire » a été poursuivi par Claude Moniquet, chef du « European Strategic Intelligence and Security Center », à cause de sa critique remettant en question le rapport de son groupe d’analystes sur le Sahara occidental, que le Maroc a annexé il y a trente ans. En avril dernier, Moniquet s’est vu décerner en réparations la somme record de 3 millions de dirhams (359 700 $ US). L’éditeur de l’« Hebdomadaire », Aboubakr Jamaï, a démissionné au début de l’année afin d’éviter que les autorités ne saisissent les actifs du magazine.
« Les dossiers indiquent que les tribunaux marocains sont influencés par le gouvernement », dit le porte-parole du CPJ, Joël Campagna, chef de la mission qui a séjourné récemment pendant neuf jours à Casablanca et à Rabat. « Il est clair pour nous que les autorités appliquent une pression économique sur les journaux critiques en leur extorquant des réparations exorbitantes devant les tribunaux. »
Les hauts responsables marocains et les journalistes discutent aussi de modifications à la loi sur la presse, en vertu desquelles on maintiendrait de lourdes sanctions pénales pour la contravention à des interdits formulés de manière vague concernant les offenses à la monarchie, à l’Islam et aux institutions de l’État, ainsi que la couverture critique de la question du Sahara occidental, constate le CPJ.
La version la plus récente de l’avant-projet de loi prévoit également de nouvelles restrictions aux médias, notamment la création d’un Conseil national de la presse, dont les membres seraient désignés, qui disposerait de pouvoirs étendus pour interdire aux journalistes de pratiquer leur profession et imposer des amendes aux personnes qui contreviendraient à un code d’éthique qui reste à définir.
Les hauts responsables marocains, les journalistes et les éditeurs qui ont participé à l’élaboration de l’avant-projet de loi ont dit au CPJ que le travail de rédaction des amendements se poursuit et qu’il est ouvert aux améliorations.
Pour lire le rapport du CPJ sur la mission (du 29 mars au 6 avril), aller à :
http://www.cpj.org/news/2007/mideast/morocco06apr07na.html
(17 avril 2007)