Un reporter de la radio assassiné la semaine dernière et un autre journaliste agressé dans un guet-apens par des individus armés comptent parmi les dernières victimes d’agressions politiques dirigées contre les journalistes, les militants et les dirigeants de l’opposition aux Philippines, rapportent le Centre pour la liberté et la responsabilité des médias (Center for Media […]
Un reporter de la radio assassiné la semaine dernière et un autre journaliste agressé dans un guet-apens par des individus armés comptent parmi les dernières victimes d’agressions politiques dirigées contre les journalistes, les militants et les dirigeants de l’opposition aux Philippines, rapportent le Centre pour la liberté et la responsabilité des médias (Center for Media Freedom and Responsibility, CMFR), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et d’autres groupes de défense de la liberté de la presse. La plupart des agressions de ce type restent impunies.
Carmelo Palacios, reporter judiciaire à la station de radio dxRB Radyo ng Bayan, administrée par le gouvernement, a été trouvé mort le 18 avril dans la province de Nueva Ecija. Il portait des blessures par balles au menton, d’importantes contusions sur le corps et avait la mâchoire fracturée. Selon le CMFR, l’officier de la police qui mène l’enquête sur ce meurtre a déclaré que Palacios a dû « s’attirer la colère de policiers et de politiciens retors », dont Palacios couvrait les crimes. Palacios dirigeait un groupe anti-crime local et avait effectué une série de reportages chocs sur des allégations d’abus de fonds par un député du Congrès.
Le lendemain, le correspondant d’un important quotidien était blessé par balles par deux assaillants non identifiés. Delfin Mallari, correspondant provincial pour le journal grand format « Philippine Daily Inquirer » (« PDI »), basé à Manille, également animateur d’une émission de radio locale et rédacteur en chef du journal local « Ang Dyaryo Natin », et son co-animateur Johnny Glorioso, du réseau ABS-CBN, étaient piégés dans un guet-apens par deux hommes armés, rapporte le CMFR. Glorioso n’a pas été touché par les coups de feu. Mallari est dans un état stable après qu’on lui eut retiré un projectile.
Selon la FIJ, Glorioso croit que la tentative de meurtre dont Mallari a été la cible était « motivée politiquement » – Mallari avait reçu des menaces avant l’attentat. Ils étaient tous deux représentants de sections locales du Syndicat national des journalistes des Philippines (National Union of Journalists of the Philippines, NUJP), qui est membre de la FIJ. Mallari couvrait la police, l’environnement et les élections locales. Il écrivait aussi des articles sur les problèmes de déchets toxiques, de coupe de bois illégale et de trafic de drogue.
Mallari est le 51e journaliste assassiné sous le régime de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo, indique la FIJ. « Ce meurtre crapuleux est encore un autre résultat tragique de l’inaction du gouvernement philippin », dit la FIJ. La culture d’impunité qui s’est instaurée sous Arroyo fait que ces tueurs de journalistes s’en tirent. »
D’après le rapport de presse annuel de l’Institut international de la presse (voir le reportage ci-dessous), le gouvernement de la présidente Arroyo a lui-même contribué à la création d’un « climat insupportable » pour les journalistes. Le CMFR rapporte que, le 20 avril, la présidente a émis un décret qui restreint l’accès du public et des médias à l’information afin de se protéger contre les « ennemis de l’État ». Ailleurs, les journalistes continuent d’être frappés par des poursuites en diffamation pénale. À Cebu City, Leo Lastimosa, gérant d’une station de la radio locale ABS-CBN, a été poursuivi en diffamation par un gouverneur local en rapport avec des reportages qui critiquaient l’absence de transparence dans les dépenses du gouvernement. Et à Albay, le reporter Jun Alegre de dzRH a été arrêté le 18 avril et incarcéré en rapport avec une affaire de diffamation vieille de dix ans.
Le NUJP appelle tous ses journalistes à porter du noir le 24 avril, jour des obsèques de Palacio, ainsi que le 25 avril, afin d’exprimer leur solidarité avec les journalistes de Quezon qui vont se rassembler et marcher en l’honneur de leurs collègues.
Consulter les sites suivants :
– CMFR : http://www.cmfr-phil.org
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2007/asia/phil19apr07na.html
– FIJ, « FIJ calls on Arroyo to stop the bloodshed » :
http://www.ifj.org/default.asp?Index=4848&Language=EN
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=21828
– NUJP : http://www.nujp.org/
– IIP : http://www.freemedia.at
(24 avril 2007)