Qu’est-il arrivé des 30 000 paramilitaires recrutés en Colombie dans les années 1980 pour combattre les groupes de la guérilla de gauche, et qui sont censés avoir été « démobilisés » par le président Alvaro Uribe entre 2003 et 2006? Reporters sans frontières (RSF) constate que près du quart d’entre eux sont toujours actifs – […]
Qu’est-il arrivé des 30 000 paramilitaires recrutés en Colombie dans les années 1980 pour combattre les groupes de la guérilla de gauche, et qui sont censés avoir été « démobilisés » par le président Alvaro Uribe entre 2003 et 2006? Reporters sans frontières (RSF) constate que près du quart d’entre eux sont toujours actifs – et qu’ils sont à l’origine de quelques-uns des crimes les plus brutaux commis contre les journalistes dans le pays.
RSF a consacré son voyage d’information en Colombie, du 28 avril au 5 mai, à ces paramilitaires, passant la majeure partie du temps à Montería, la région où ils sont d’abord apparus. RSF a constaté que les troupes démobilisées étaient responsables de la mort de deux journalistes au moins l’an dernier, et qu’elles en ont forcé beaucoup d’autres à l’exil interne. Très peu des miliciens ont été convenablement réintégrés dans la société civile, et ils continuent à « répandre la terreur » comme trafiquants de drogue ou tueurs à gages.
Et beaucoup d’entre eux s’en tirent en toute impunité. Une loi du type « Justice et Paix », adoptée en juillet 2005, accorde aux miliciens des réductions substantielles de leurs peines – de cinq à huit ans de prison pour les crimes les plus graves – en échange de l’aveu de leurs crimes et de la reddition de leurs armes. La semaine dernière encore, un ancien chef paramilitaire a avoué avoir ordonné le meurtre d’un journaliste de la radio en 2004 parce que le reporter avait critiqué un groupe de coordination paramilitaire, selon ce qu’indique l’Institut pour la presse et la société (Instituto Prensa y Sociedad, IPYS). Il attend sa sentence.
Tandis que le gouvernement Uribe est critiqué ouvertement pour ses liens avec les groupes paramilitaires, les Colombiens se demandent si la solution consistant à démobiliser est « pire que le mal ». Lire le texte complet du rapport de la mission de RSF, « Paramilitaires : Des « Aigles noirs » prêts à fondre sur la presse », à : http://www.rsf.org/IMG/pdf/0705_colombie_en.pdf
(29 mai 2007)