Deux journalistes afghanes et une journaliste irakienne, qui avaient reçu de nombreuses menaces de mort à cause de leur travail qui consistait à couvrir la violence sectaire, ont été tuées la semaine dernière dans une série d’attentats dirigés contre les femmes journalistes dans les zones de conflit, rapportent ARTICLE 19, le Comité pour la protection […]
Deux journalistes afghanes et une journaliste irakienne, qui avaient reçu de nombreuses menaces de mort à cause de leur travail qui consistait à couvrir la violence sectaire, ont été tuées la semaine dernière dans une série d’attentats dirigés contre les femmes journalistes dans les zones de conflit, rapportent ARTICLE 19, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et l’Institute for War and Peace Reporting (IWPR).
Sahar Hussein Ali al-Haydari, correspondante de l’Agence de nouvelles nationale irakienne et de l’agence de nouvelles indépendante « Les Voix de l’Irak », a été abattue à Mossoul le 7 juin par quatre inconnus armés qui se sont enfuis avec son téléphone cellulaire, rapporte le CPJ. Plus tard, les inconnus ont répondu à son téléphone, disant que al-Haydari « est allée en enfer ».
Al-Haydari était également correspondante de l’IWPR, une organisation basée à Londres qui forme des journalistes locaux à la couverture de la guerre. Selon ARTICLE 19, al-Haydari avait écrit dans un reportage à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse (le 3 mai) que son nom figurait sur une liste de huit journalistes à abattre, qui circulait à Mossoul. « Les Voix de l’Irak » disent que la liste avait été produite par l’État islamique d’Irak, affilié à al-Qaïda.
ARTICLE 19 rapporte que al-Haydari s’était échappée par miracle après avoir été enlevée en 2005 par un groupe militant. En mars 2006, elle avait été gravement blessée par balles tandis qu’elle prenait des photos de mosquées incendiées. D’après le CPJ, elle avait été deux fois la cible d’une tentative d’enlèvement l’an dernier. Il y a six mois, son mari et ses quatre enfants ont déménagé à l’extérieur du pays.
« Notre état psychologique est ébranlé parce que nous vivons et pensons dans la peur et les soucis, et que nous pensons toujours à notre destin et à celui des membres de notre famille, de nos proches et de nos amis », avait déclaré al-Haydari à la « UK Press Gazette » un peu plus tôt cette année, sur le fait d’être femme journaliste en Irak. « Mais je n’ai jamais pensé abandonner, parce que le journalisme, c’est ma vie et que j’aime vraiment ce métier. »
Plus tôt cette semaine, deux femmes journalistes ont été abattues en Afghanistan, rapportent le CPJ et RSF. Zakia Zaki, qui dirigeait depuis 2001 la seule station de radio indépendante de la province de Parwan, « Radio la Paix », est tombée le 5 juin sous les balles de plusieurs individus dans la province de Parwan, au nord de Kaboul. « Radio la Paix » diffuse souvent des émissions sur les droits de la personne, l’éducation et les droits des femmes. Selon le CPJ, elle a été abattue dans sa chambre, qu’elle partageait avec ses enfants. Elle critiquait sévèrement les seigneurs de la guerre, qui l’avaient avertie récemment de fermer la station, dit le CPJ. Pour sa part, RSF signale que six suspects ont été arrêtés en rapport avec son décès.
Moins d’une semaine auparavant, la populaire présentatrice de la télévision Shakiba Sanga Amaaj a été abattue chez elle à Kaboul. Plusieurs hommes de sa famille ont été arrêtés en rapport avec le meurtre d’Amaaj, indique le CPJ. D’après l’Association des journalistes afghans indépendants (AIJA), après les décès d’Amaaj et de Zaki, la rédactrice en chef d’une agence de nouvelles locale a reçu des messages lui disant qu’elle serait la prochaine.
« Les femmes journalistes font preuve d’une ténacité et d’un courage particuliers en Afghanistan, en Irak, en Ouzbékistan et dans les autres pays musulmans; elles couvrent le coût humain du conflit et les efforts menés par les structures de pouvoir, essentiellement dominées par les hommes, pour saper la démocratie », dit Anthony Borden, directeur général de l’IWPR. « Les femmes sont des agents vitaux du changement démocratique dans ces sociétés, et les meurtres tragiques survenus récemment démontrent la profondeur et la violence de l’opposition à leurs efforts. »
Par ailleurs, en Iran, des femmes qui protestaient ont de nouveau été arrêtées pour avoir tenté de recueillir un million de signatures en faveur de la campagne « Le changement pour l’égalité » qui proteste contre les lois discriminatoires du pays qui visent les femmes, rapporte Amnistie Internationale. Deux femmes ont été arrêtées à la veille du premier anniversaire d’une manifestation exigeant l’égalité des droits pour les femmes. Lors de cette manifestation, environ 70 militantes avaient été arrêtées, et quelques-unes d’entre elles avaient été battues par la police.
Et en Palestine, RSF rapporte qu’après avoir été menacées de décapitation si elles ne se conformaient pas strictement au code vestimentaire islamique, les femmes journalistes de la Société de radiodiffusion palestinienne se sont rassemblées à l’extérieur du palais présidentiel à Gaza les 3 et 4 juin pour exiger d’être protégées par les autorités.
Consulter les sites suivants :
– ARTICLE 19, à propos de al-Haydari : http://tinyurl.com/2vq2f6
– CPJ, à propos de al-Haydari : http://tinyurl.com/2t4hr3
– IWPR : http://iwpr.net/?p=icr&s=f&o=336147&apc_state=henh
– Dernier reportage de Al-Haydari, « Honour Killing Sparks Fears of New Iraqi Conflict » [Un meurtre pour l’honneur sème la crainte d’un nouveau conflit en Irak] : http://tinyurl.com/2dj9ep
– CPJ, à propos de Zaki : http://tinyurl.com/2sqjof
– Radio Free Europe, à propos de Zaki : http://tinyurl.com/2rfrdu
– Documentaire vidéo sur Zaki : http://tinyurl.com/399zlm
– Reportage du « Communiqué de l’IFEX » sur Amaaj : http://ifex.org/en/content/view/full/83923/
– Amnistie Internationale, à propos des militantes iraniennes : http://web.amnesty.org/library/Index/ENGMDE130712007
– RSF, à propos des journalistes palestiniennes : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=22414
(Photo : Sahar Hussein Ali al-Haydari. Photo courtoisie de Journalistic Freedoms Observatory)
(12 juin 2007)