Après une série de faux pas vis-à-vis des médias équatoriens, le président Rafael Correa a annoncé qu’il ne donnerait plus de conférences de presse, rapporte Reporters sans frontières (RSF). Il continue par ailleurs d’invoquer une loi sur l’insulte pour poursuivre le rédacteur en chef d’un journal à propos d’un éditorial critique à son égard. Décrivant […]
Après une série de faux pas vis-à-vis des médias équatoriens, le président Rafael Correa a annoncé qu’il ne donnerait plus de conférences de presse, rapporte Reporters sans frontières (RSF). Il continue par ailleurs d’invoquer une loi sur l’insulte pour poursuivre le rédacteur en chef d’un journal à propos d’un éditorial critique à son égard.
Décrivant certains médias comme « médiocres, corrompus et menteurs », Correa a reconnu le 10 juin 2007 avoir « commis des erreurs » en affrontant la presse. Deux semaines plus tard, cependant, il exigeait l’imposition de « lois fortes » dans le domaine des communications. « Dans l’histoire de l’Amérique latine, la presse a toujours été contre les gouvernements progressistes », a-t-il dit.
Après avoir insulté les reporters, Correa a annoncé qu’il ne répondrait plus que « par écrit » aux médias d’informations. RSF rapporte qu’il imite en cela le geste de Néstor Kirchner d’Argentine, qui ne donne plus de conférences de presse depuis son accession à la présidence, en 2003.
Tout en reconnaissant l’agression « indéniable » de certains médias à son égard, RSF déplore les attaques verbales de Correa. RSF presse le président de reconsidérer sa décision concernant les conférences de presse, soulignant que « la politique de la chaise vide est la pire des solutions ».
Les groupes de défense de la liberté de la presse s’inquiètent également du recours aux « lois sur l’insulte » qui pourraient jeter en prison des journalistes en Équateur. RSF et la Société interaméricaine de la presse (SIP) rapportent que Correa a déposé contre le rédacteur en chef du quotidien « La Hora », Francisco Vivanco Riofrío, une plainte d’« insulte publique ». L’article 230 du Code pénal fait de l’insulte au président de la République un délit criminel passible de six mois à deux ans de prison et à une amende.
En mai, la SIP a demandé l’abrogation des lois sur les insultes dans la région, arguant contre « le traitement préférentiel des officiers publics ». Elle a fait remarquer que le mépris comme délit criminel n’existe plus dans les codes pénaux d’Argentine, du Guatemala, du Honduras, du Costa Rica, du Panama, du Paraguay et du Pérou, et qu’il avait été aboli en partie au Chili. En Amérique latine, seul le Venezuela a renforcé récemment sa loi sur l’insulte.
La SIP se préoccupe également des questions de propriété des médias en Équateur, où une bataille juridique fait rage entre actionnaires privés et actionnaires issus des corps publics du plus vieux journal équatorien, « El Telégrafo ». Le rédacteur en chef, Carlos Navarette Castillo, descendant des fondateurs du journal qui paraît depuis 123 ans, s’est plaint de ce que les organismes gouvernementaux de réglementation tentent de dépouiller les actionnaires privés de leur position de propriétaires majoritaires.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=22798
– SIP : http://tinyurl.com/29wx5a
– SIP, à propos de la dispute autour de la propriété : http://tinyurl.com/292r99
(10 juillet 2007)