Le Mexique arrive au deuxième rang des pays les plus dangereux pour les journalistes, derrière l’Irak, et le gouvernement mexicain doit être blâmé pour sa grossière inefficacité à protéger les journalistes et le droit à la liberté d’expression, ont déclaré cinq membres de l’IFEX et trois autres groupes de défense des droits de la personne […]
Le Mexique arrive au deuxième rang des pays les plus dangereux pour les journalistes, derrière l’Irak, et le gouvernement mexicain doit être blâmé pour sa grossière inefficacité à protéger les journalistes et le droit à la liberté d’expression, ont déclaré cinq membres de l’IFEX et trois autres groupes de défense des droits de la personne devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme (IACHR).
Les huit groupes, dont le Centre national des Communications sociales (Centro Nacional de Comunicación Social, CENCOS), ARTICLE 19 – Mexique, le Centre pour le journalisme et l’éthique publique (Centro de Periodismo y Ética Pública, CEPET), l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC) et Reporters sans frontières (RSF), qui sont membres de l’IFEX, ont porté leurs protestations devant une séance de l’IACHR qui tenait des audiences sur la situation de la liberté de la presse au Mexique, le 18 juillet à Washington.
Les autorités de l’État, les groupes du crime organisé et, en particulier, les trafiquants de drogue ont fait de 2006 la pire année jamais recensée pour les médias mexicains, surtout à cause de l’impunité dont ils jouissent. « Malheureusement, cette tendance se poursuit sous le gouvernement de Felipe Calderón Hinojosa », indique le groupe des huit. Selon RSF, 32 journalistes ont été assassinés et sept autres ont disparu depuis 2000. Encore récemment, le 10 juillet, on a abandonné les recherches en vue de retrouver deux employés de « TV Azteca » disparus le 10 mai dans une zone particulièrement exposée au trafic de drogue et au crime organisé.
Bien que le Mexique soit signataire de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies ainsi que d’autres conventions internationales, les autorités arrivent en tête de liste des criminels, tandis qu’elles sont responsables de 42 pour 100 des 131 actes d’agression commis contre les journalistes en 2006.
Bien que le gouvernement fédéral ait créé en février 2006 le Bureau du Procureur spécial pour les crimes commis contre les journalistes (Fiscalía Especial para la Atención de Delitos en contra de Periodistas, FEADP), celui-ci n’a jusqu’à maintenant réglé aucun cas.
La promesse faite en décembre dernier de surveiller les actes d’agression contre les journalistes et les médias et d’afficher les résultats sur un site web public et dans des rapports semestriels n’a pas non plus été remplie, dit le groupe.
« L’échec de l’État, qui ne parvient pas à empêcher les agressions contre les journalistes, ni à faire enquête sur elles ni à les châtier, entretient un climat d’autocensure dans les médias », dit le groupe, en particulier dans les États frontaliers du nord, où la violence des trafiquants de drogue touche les journalistes plus que partout ailleurs. Le 25 mai, le propriétaire du journal « Cambio » de l’État de Sonora a dû fermer le journal temporairement, après deux attentats à la grenade qui ont endommagé les installations, rapporte le CENCOS.
Lors de l’audience de l’IACHR, en présence du gouvernement mexicain, le groupe a exigé davantage de ressources pour le FEADP, et que les autorités mexicaines ouvrent immédiatement une enquête sur onze meurtres et disparitions de journalistes survenus récemment.
Le gouvernement mexicain a par la suite accepté de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire la lumière sur la violence contre les journalistes et de faire rapport à l’IACHR dans les prochains mois sur les progrès réalisés dans les enquêtes, entre autres d’accepter une visite officielle du Rapporteur spécial de l’IACHR sur la liberté d’expression. Le gouvernement a accepté en outre l’appui de l’IACHR dans la rédaction d’une nouvelle loi qui reconnaîtrait mieux les médias communautaires et électroniques.
Par ailleurs, une conférence hémisphérique à Santo Domingo, en République dominicaine, sur le thème « Le système judiciaire, la presse et l’impunité », organisée la semaine dernière par la Société interaméricaine de la presse (SIP), a constaté la détérioration de la situation de la liberté de la presse au Mexique, et a insisté sur le fait que les crimes violents contre les journalistes constituent une grave violation du droit du public à être informé. Les quelque 200 délégués, dont une vingtaine de juges des plus hauts tribunaux des Amériques, demandent avec instance des réformes juridiques afin de combattre l’impunité dans les affaires de crimes contre les journalistes.
Consulter les sites suivants :
– Déclaration conjointe faite à l’IACHR :
http://ifex.org/en/content/view/full/85018/
– Texte intégral de la Déclaration conjointe (en espagnol) : http://cencos.org/es/node/16470
– Rapport conjoint du CENCOS et d’ARTICLE 19 sur la liberté de la presse au Mexique : http://ifex.org/en/content/view/full/85030/
– RSF, à propos de l’audience de l’IACHR : http://tinyurl.com/2pgebm
– SIP, à propos des réformes juridiques : http://tinyurl.com/2lh4dy
– SIP, à propos des violations de la liberté de la presse : http://tinyurl.com/38s7ko
– Alertes de l’IFEX sur les violations de la liberté de la presse au Mexique :
http://ifex.org/en/content/view/full/97/
(24 juillet 2007)