Le plus haut tribunal indonésien a ordonné au magazine « Time » de verser à l’ancien président Suharto plus de 100 millions de dollars en réparations pour un reportage l’accusant, lui et sa famille, d’avoir amassé des milliards pendant son règne, selon ce que rapportent l’Alliance des journalistes indépendants (AJI), la Fédération internationale des journalistes […]
Le plus haut tribunal indonésien a ordonné au magazine « Time » de verser à l’ancien président Suharto plus de 100 millions de dollars en réparations pour un reportage l’accusant, lui et sa famille, d’avoir amassé des milliards pendant son règne, selon ce que rapportent l’Alliance des journalistes indépendants (AJI), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF).
« Time » doit payer 1 billion de roupies indonésiennes (106 millions $ US) en réparations et publier des excuses dans des publications nationales et internationales à cause d’un article-vedette paru dans son édition asiatique de mai 1999, qui portait sur la fortune de l’ancien président Suharto et de sa famille, ont annoncé de hauts responsables la semaine dernière.
L’AJI dénonce fermement la décision de la Cour suprême, la qualifiant de « menace directe » du système judiciaire envers la liberté de la presse et le droit du public à l’information, ce qui pourrait aussi « mener les médias nationaux à la faillite ».
Le reportage, paru le 24 mai 1999 et intitulé « Suharto Inc. : Tout dans la famille », alléguait que Suharto et ses enfants ont amassé 73 milliards de dollars pendant son règne de 32 ans, mais qu’ils en ont perdu la majeure partie lors de la débâcle financière de 1997 en Asie.
Suharto, également accusé de violations à grande échelle des droits fondamentaux et de corruption, mais qui n’a jamais été traduit en justice, a entamé des poursuites devant la Cour centrale du district de Djakarta puis, un peu plus tard, devant la Haute cour de Djakarta, qui toutes deux ont tranché en faveur du magazine.
Bien que la Cour suprême soit le plus haut tribunal de l’Indonésie, un dernier appel est possible. La semaine dernière, « Time » s’est déterminé à combattre cette décision.
Parmi les juges de la Cour suprême on compte un général à la retraite qui était de service actif sous le régime de Suharto. « Il est dégradant de constater que Suharto est toujours capable d’exercer autant de pouvoir auprès des organes du gouvernement de l’Indonésie », dit la FIJ.
L’ancien dictateur, maintenant âgé de 86 ans, s’est emparé du pouvoir en 1965 dans un coup d’État qui a fait jusqu’à un demi-million de morts. Il a régné en maître sur le pays pendant près de trente ans, tuant ou jetant en prison des centaines de milliers d’opposants politiques.
Consulter les sites suivants :
– AJI : http://tinyurl.com/2w58js
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=5300&Language=EN
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=23614
– « Suharto Inc. » : http://tinyurl.com/yt9vcc
(18 septembre 2007)