Le rédacteur en chef des deux plus importants journaux indépendants d’Azerbaïdjan a été condamné à huit ans et demi de prison ferme après avoir été reconnu coupable de terrorisme et autres délits, ce qui illustre l’hostilité croissante du gouvernement à l’égard de la libre expression, indiquent l’Institut pour la liberté et la sûreté des reporters […]
Le rédacteur en chef des deux plus importants journaux indépendants d’Azerbaïdjan a été condamné à huit ans et demi de prison ferme après avoir été reconnu coupable de terrorisme et autres délits, ce qui illustre l’hostilité croissante du gouvernement à l’égard de la libre expression, indiquent l’Institut pour la liberté et la sûreté des reporters (Institute for Reporters’ Freedom and Safety, IRFS), le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch, l’Institut international de la presse (IIP) et Reporters sans frontières (RSF).
Eynulla Fatullaïev, rédacteur en chef des journaux « Realny Azerbayjan » et « Gundalik Azerbayjan » et critique bien connu des autorités azéries, a, le 30 octobre, été trouvé coupable de terrorisme, d’incitation à la haine ethnique et d’évasion fiscale à cause d’un article qu’il a écrit sur l’appui de l’Azerbaïdjan aux opérations militaires des États-Unis dans la région.
En plus de la lourde peine de prison, Fatullaïev a été condamné à une amende de 200 000 manats (235 000 $ US), tandis que 23 ordinateurs des salles de rédaction des journaux « Realny Azerbayjan » et « Gundalik Azerbayjan » ont été saisis par l’État.
« L’augmentation constante du nombre des accusations criminelles portées pour des motifs politiques, de même que les violentes attaques contre les journalistes, visent de toute évidence à faire taire les voix critiques de l’Azerbaïdjan », dit Human Rights Watch.
Les inculpations de terrorisme et de haine ethnique découlent d’un article que Fatullaïev a écrit dans le « Realny Azerbayjan », dans lequel il faisait valoir que l’appui du gouvernement à la position des États-Unis sur l’Iran rend l’Azerbaïdjan vulnérable à une attaque de Téhéran et pourrait raviver les tensions ethniques dans le pays. Lire l’article ici :
– en anglais : http://tinyurl.com/39p5mp
– en russe : http://tinyurl.com/3dofld
Fatullaïev purge déjà depuis avril une peine de deux ans et demi de prison pour avoir diffamé l’armée à cause d’un article publié sur Internet, dont il nie être l’auteur, qui porte sur le massacre de Khojali, survenu en 1992. Peu après avoir été reconnu coupable, ses deux journaux ont été fermés.
Aujourd’hui, les employés et les partisans de Fatullaïev appellent les deux journaux à reparaître. Les membres du « Comité de défense des droits d’Eynulla Fatullaïev » préparent pour la fin novembre une manifestation nationale de protestation contre son incarcération.
En mars, Fatullaïev avait fait état de menaces de mort contre lui et sa famille, après qu’il eut publié un article accusant les autorités azéries de faire obstruction à l’enquête sur le meurtre, survenu en 2005, du rédacteur Elmar Huseynov.
Par ailleurs, dans une action conjointe, 26 groupes membres de l’IFEX appuient l’appel de l’IRFS à l’érection d’un mémorial à Huseynov, considéré maintenant comme un héros national, dans la capitale de l’Azerbaïdjan, Bakou. Ils pressent le gouvernement azéri d’appuyer l’initiative, ce qui lancerait un puissant et très nécessaire signal de son attachement à la démocratie et de son respect des droits de la personne.
D’après l’IRFS, Fatullaïev est le septième journaliste d’Azerbaïdjan incarcéré pour diffamation et autres chefs de nature criminelle, et la peine de huit ans et demi de prison est la plus lourde de l’histoire de l’Azerbaïdjan à être décernée à un journaliste.
La condamnation de Fatullaïev survient au moment où se manifeste une hostilité et une violence croissantes à l’égard médias indépendants et d’opposition dans le pays, moins d’un an avant les élections présidentielles. Selon RSF, l’accroissement constant du harcèlement de la presse indépendante explique pourquoi l’Azerbaïdjan arrive à un misérable 139e rang sur 169 pays, dans son dernier index de la liberté de la presse dans le monde.
Consulter les sites suivants :
– IRFS : http://www.irfs.az
– Action conjointe de l’IFEX en faveur du mémorial : http://tinyurl.com/yqgc9p
– CPJ : http://tinyurl.com/2aeqba
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/2xj974
– Appel d’août 2007 de Human Rights Watch au président Aliyev pour la libération des journalistes incarcérés : http://tinyurl.com/29slev
– IIP : http://tinyurl.com/yrv8sa
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=24213
– Index de la liberté de la presse dans le monde, de RSF : http://tinyurl.com/2obgp3
(Photo : Eynulla Fatullaïev/courtoisie de l’IRFS)
(6 novembre 2007)