Le blogueur Josh Wolf a passé 226 jours en prison aux États-Unis pour avoir refusé de rendre une bande vidéo non publiée d’une protestation à San Francisco et de témoigner devant un grand jury qui enquête sur une attaque contre une voiture de la police et dont il a été témoin. Il n’a été relâché […]
Le blogueur Josh Wolf a passé 226 jours en prison aux États-Unis pour avoir refusé de rendre une bande vidéo non publiée d’une protestation à San Francisco et de témoigner devant un grand jury qui enquête sur une attaque contre une voiture de la police et dont il a été témoin. Il n’a été relâché que lorsqu’il a diffusé la bande en ligne. Aux États-Unis, il n’y a pas de loi particulière pour protéger les journalistes qui refusent de divulguer leurs sources ou de répondre à d’autres demandes de renseignements, et Wolf a été puni par une peine de prison.
Il n’est pas le seul. D’après une nouvelle étude de Privacy International, les gouvernements à travers le monde minent de plus en plus la protection des sources des journalistes, et les journalistes en paient le prix.
Selon « Silencing Sources » (Faire taire les sources), première étude mondiale sur la protection des sources des journalistes, les problèmes les plus importants se trouvent dans les pays à qui il manque une loi spécifique. Comme les États-Unis, le Canada, les Pays-Bas et l’Irlande se distinguent par l’absence de protections juridiques spécifiques, et des journalistes comme Wolf sont mis à l’amende ou emprisonnés parce qu’ils ne dévoilent pas leurs sources.
Privacy International constate que les gouvernements ont reconnu la nécessité de protéger sur le plan juridique la confidentialité des sources ? environ 100 pays ont adopté des lois protectrices qui permettent aux journalistes de s’assurer que l’identité des sources confidentielles n’est pas révélée.
Mais ces protections sont souvent minées par la surveillance légale ? et illégale -, comme le recours régulier à l’écoute systématique des conversations téléphoniques ou les mandats de perquisition des bureaux des médias et des domiciles des journalistes, dit Privacy International.
Peu de pays sont dotés de protections juridiques particulières contre les fouilles, surtout en Europe, dit l’étude. Il y a deux semaines, la police a effectué une descente dans les bureaux d’une station de télévision à Stockholm, en Suède, pour essayer de trouver la copie d’une facture de restaurant acquittée par un reporter lors d’une rencontre avec le Secrétaire d’État. D’après la Fédération européenne des journalistes (FEJ), le groupe régional de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), on ne devrait permettre de procéder à une descente qu’après une décision du tribunal et en présence d’un ombudsman. « Voilà ce qu’il faut dans la législation, pour que les sources puissent avoir confiance lorsqu’ils s’adressent à des journalistes », dit la FEJ.
L’invocation de la sécurité nationale menace également les protections. Sous prétexte de « guerre à la terreur », les journalistes sont arrêtés, poursuivis ou harcelés parce qu’ils dévoilent des renseignements réputés « secrets d’État ». À travers le monde, de nouvelles lois antiterroristes habilitent les autorités, par des pouvoirs étendus, à exiger l’assistance des journalistes, à intercepter les communications et à recueillir des renseignements.
Consulter l’étude, qui comporte une carte des endroits du monde où les sources bénéficient d’une certaine protection, à : http://www.privacyinternational.org/silencingsources
Voir aussi la déclaration de la FIJ qui appuie l’étude :
http://www.ifj.org/default.asp?Index=5484&Language=EN
(20 novembre 2007)