L’un des plus éminents dissidents politiques de Syrie a été arrêté et dix autres militants d’opposition ont été inculpés d’atteinte à la sécurité de l’État dans le cadre de la nouvelle vague de répression contre des personnalités du mouvement pro-démocratique syrienne, rapportent Freedom House, Human Rights Watch, Reporters sans frontières (RSF) et ARTICLE 19. Riyad […]
L’un des plus éminents dissidents politiques de Syrie a été arrêté et dix autres militants d’opposition ont été inculpés d’atteinte à la sécurité de l’État dans le cadre de la nouvelle vague de répression contre des personnalités du mouvement pro-démocratique syrienne, rapportent Freedom House, Human Rights Watch, Reporters sans frontières (RSF) et ARTICLE 19.
Riyad Seif, ancien député et critique acerbe du gouvernement, a été arrêté le 28 janvier par des agents de la sécurité d’État.
Seif dirige le secrétariat du groupe de la Déclaration de Damas, constitué en 2005 par cinq groupes d’opposition et six militants politiques. Les signataires de la déclaration veulent recevoir du soutien en faveur d’un changement démocratique pacifique en Syrie et de meilleures relations avec le Liban.
« La Déclaration de Damas est une forme d’expression légitime, protégée par le droit international », dit ARTICLE 19. « Au lieu d’attaquer les voix dissidentes et de les faire taire, les autorités syriennes devraient accueillir un débat démocratique aussi nécessaire et ouvrir le dialogue avec la société civile. »
Le 28 janvier, dix autres signataires de la Déclaration, dont deux sont des journalistes, ont été inculpés d’« atteinte à la sécurité de l’État ». Ils ont été arrêtés après avoir participé, début décembre, à une réunion au domicile de Seif visant à mettre sur pied un conseil national chargé de mettre en oeuvre la déclaration. D’après Freedom House, le conseil demande un changement démocratique radical dans le pays, et a réalisé l’unité d’un large éventail de tendances politiques et de groupes ethniques.
Selon Human Rights Watch et des dépêches locales, au moins douze militants ont été détenus pour avoir participé à la réunion du mois dernier, y compris la dernière victime, l’éminent artiste syrien Talal Abu Dan. Huit d’entre eux auraient été torturés pendant leur interrogatoire, rapporte Human Rights Watch.
Les dix dissidents inculpés et renvoyés en détention avant l’instruction sont la présidente du conseil, Fida’a al-Horani; les secrétaires Ahmad To’meh et Akram al-Bounni; les membres du secrétariat, Ali Abdallah (journaliste), Walid al-Bounni, Yasser al-Iti et Jaber al-Choufi; et les membres du conseil Mohammed Haji Darwish, Marouan al-Ush et Fayez Sarah. Sarah, qui est écrivain et journaliste, a été arrêté début janvier peu après avoir condamné la répression qui a frappé une émission de télévision en décembre. D’après RSF, ces personnes sont passibles de peines variant de trois à quinze ans de prison.
Akram al-Bunni est le frère d’Anouar al-Bunni, un éminent avocat spécialiste des droits de la personne, qui purge lui-même une peine de cinq ans de prison pour avoir « répandu de fausses rumeurs qui minent la nation », parce qu’il a signé la Déclaration.
Dans une autre affaire, Mazen Darwish et Hasan Kamel, du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (Syrian Center for Media), ont été détenus pendant trois jours à Damas après avoir été arrêtés le 12 janvier. Ils ont été interrogés par le Tribunal militaire au sujet de leur couverture des violents incidents survenus à Adra, une banlieue de Damas, et ont été inculpés d’incitation à la violence. Les chefs d’inculpation ont par la suite été abandonnés.
Au cours de la dernière année, six critiques en vue du gouvernement et défenseurs des droits de la personne, dont Anouar al-Bunni et l’un des écrivains les plus respectés de Syrie, Michel Kilo, ont été reconnus coupables et condamnés à des peines allant jusqu’à douze ans de prison. Selon les groupes de défense des droits de la personne, la Syrie détient des centaines de prisonniers et de militants politiques, certains sans accusations ni procès.
La Syrie se classe au 154e rang sur les 169 pays de l’Index mondial de la liberté de la presse pour 2007, dressé par Reporters sans frontières, et comme pays « non libre » selon le classement de 2007 des droits politiques et des libertés civiles établi par Freedom House, « Freedom in the World » (La Liberté dans le monde).
Consulter les sites suivants :
– Freedom House : http://tinyurl.com/23pa3x
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/2y3peu
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=25242
– ARTICLE 19 : http://tinyurl.com/2azk7z
(5 février 2008)