Abdul Karim al-Khaiwani, journaliste chevronné et l’un des défenseurs les plus éminents de la démocratie au Yémen, a été condamné à six ans de prison et aux travaux forcés pour avoir appuyé un groupe « terroriste », rapportent le Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (ANHRI) et d’autres groupes de défense des […]
Abdul Karim al-Khaiwani, journaliste chevronné et l’un des défenseurs les plus éminents de la démocratie au Yémen, a été condamné à six ans de prison et aux travaux forcés pour avoir appuyé un groupe « terroriste », rapportent le Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (ANHRI) et d’autres groupes de défense des droits.
Le 9 juin, un tribunal de la sécurité d’État à Sana’a a reconnu al-Khaiwani, qui subissait un procès en même temps que treize autres prévenus, coupable d’avoir distribué des publications appelant à la solidarité avec les rebelles houthis de la province septentrionale de Sa’ada et pour avoir conspiré en vue de commettre des attentats contre les forces gouvernementales et contre des civils. Un des prévenus aurait été condamné à mort.
« En dépit du courage de nombreux journalistes yéménites, al-Khaiwani a été poursuivi devant les tribunaux à cause de ses écrits incisifs contre le gouvernement yéménite et le président », dit l’ANHRI. « Ces écrits sont la vraie raison qui explique la sévérité de la peine. »
Al-Khaiwani, rédacteur en chef du site web d’opposition al-Shura.net, est visé de manière répétée à cause de son travail. Depuis quinze ans qu’il travaille comme journaliste, il a été enlevé et emprisonné, son site web a été bloqué et sa famille menacée. En juin dernier, il a subi un tabassage en règle et été arrêté par une équipe de la sécurité lors d’un raid matinal à son domicile dans la capitale du Yémen, Sana’a. Pendant qu’il était en liberté sous caution en août, il a été enlevé et torturé par des fiers-à-bras, selon toute apparence à cause d’un article sur les violations des droits de la personne dans les prisons du Yémen. Ses ravisseurs ont menacé de le tuer s’il continuait à écrire des commentaires caustiques à propos du gouvernement yéménite.
Le cas Al-Khaiwani a suscité une grande attention à l’échelle internationale et une couverture médiatique mondiale, tandis que plus de 1 400 personnes (dont des dirigeants du Congrès des États-Unis) ont fait parvenir depuis un mois des lettres aux responsables yéménites pour exiger sa remise en liberté. Amnistie Internationale a inscrit al-Khaiwani sur sa liste de finalistes en vue de l’attribution de son prestigieux prix « Human Rights Journalism under Threat », qui doit être décerné la semaine prochaine.
S’adressant à Amnistie peu avant d’être emprisonné, al-Khaiwani avait dit que « les autorités du Yémen tentent de me faire taire; elles semblent même disposées à m’enfermer pour que je me tienne tranquille. Je ne veux certainement pas retourner en prison rien que parce que je fais mon travail de journaliste, mais, en même temps, je ne suis pas prêt à m’autocensurer pour avoir la vie facile. »
La peine d’Al-Khaiwani confirme les craintes d’un durcissement de la libre expression au Yémen, souvent au nom de la guerre à la terreur. De récentes manifestations de protestation non violente dans le sud du pays ont abouti à la détention de plusieurs critiques du gouvernement. Trois d’entre eux sont accusés de saper l’indépendance du pays – une accusation qui entraîne la peine de mort.
En avril, un collègue journaliste dissident, Mohamad al-Mokaleh, a été accusé d’« attaquer et de diffamer le système judiciaire », parce qu’il avait ri bruyamment pendant le procès d’al-Khaiwani, rapporte le site web de nouvelles des médias arabes Menassat.com. Al-Mokaleh dit être continuellement harcelé à cause de ses critiques du gouvernement yéménite. Il est toujours détenu.
Consulter les sites suivants :
– ANHRI : http://ifex.org/en/content/view/full/94351/
– Comité pour la protection des journalistes : http://tinyurl.com/4ozvpe
– Fédération internationale des journalistes : http://tinyurl.com/64xgl5
– Reporters sans frontières : http://tinyurl.com/3n6pgb
– Amnistie Internationale : http://tinyurl.com/5v8zd9
– Menassat.com, « A New Jersey soccer mom’s Yemeni crusade » (La croisade yéménite d’une mère de famille du New Jersey ) : http://tinyurl.com/5w2d9n
– Menassat.com, à propos de al-Mokaleh : http://tinyurl.com/3nhjtp
– Pétition de l’American Islamic Congress (Congrès islamique américain) pour faire libérer al-Khaiwani : http://tinyurl.com/52qt6g
(10 juin 2008)