Le vingtième anniversaire du tragique soulèvement birman qui a entraîné la mort d’environ 3 000 personnes, l’exil de milliers d’autres, l’emprisonnement de centaines de personnes et la détérioration des droits de la personne et de la démocratie, a été marqué le 8 août en Birmanie et ailleurs dans le monde. Les manifestations de protestation étudiantes […]
Le vingtième anniversaire du tragique soulèvement birman qui a entraîné la mort d’environ 3 000 personnes, l’exil de milliers d’autres, l’emprisonnement de centaines de personnes et la détérioration des droits de la personne et de la démocratie, a été marqué le 8 août en Birmanie et ailleurs dans le monde.
Les manifestations de protestation étudiantes du 8 août 1988 – communément appelé le « 8-8-88 » – ont atteint leur paroxysme lorsque des millions de personnes ont renversé le vieux dictateur Ne Win. Mais un nouveau groupe de généraux birmans s’est emparé du pouvoir et a écrasé les manifestants.
Prévoyant les manifestations qui n’allaient pas manquer de se produire dans les rues du pays à l’occasion de l’anniversaire, la junte a assuré une importante présence militaire et policière à chaque carrefour, indique ARTICLE 19. L’« Irrawaddy » rapporte que de nombreux résidents de Rangoon se sont vêtus de noir pour commémorer l’anniversaire, mais les protestations ont été limitées. En Amérique du Nord, en Europe, en Asie du Sud-Est et ailleurs, des rassemblements ont exigé le retour de la liberté. Amnistie Internationale exige que la Birmanie libère tous les prisonniers d’opinion, et prie les Nations Unies de faire pression pour obtenir la libération de 20 prisonniers en particulier.
Après le soulèvement du 8-8-88, l’espace politique déjà restreint est devenu encore plus limité dans ce pays sous la coupe de l’armée, fait remarquer l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA) dans un dossier spécial. Tout comme des milliers de militants et de dissidents, les journalistes, les écrivains et les artistes se heurtent à de graves sanctions pour des oeuvres qui ont l’heur de déplaire au régime; une douzaine de journalistes environ et de blogueurs se trouvent actuellement en prison. Le journaliste et militant U Win Tin, âgé maintenant de 79 ans et en mauvaise santé, a marqué le mois dernier sa 19e année d’affilée en prison.
La SEAPA rappelle la longue tradition de presse libre en Birmanie, qui remonte à son premier journal en 1836. En 1873, le roi Mindon a proclamé ce que l’on croit avoir été la première loi indigène d’Asie du Sud-Est sur la liberté de la presse; le roi a permis aux journalistes de rapporter les actions fautives de la famille royale, des juges et des maires.
Lors de l’accession à l’indépendance de la Grande-Bretagne, en 1942, la Birmanie comptait 39 journaux. L’expert de la Birmanie Bertile Lintner souligne que « en l’absence de véritable opposition politique, les journaux fonctionnaient comme chiens de garde du public ».
Mais, en 1962, le général Ne Win s’est emparé du pouvoir. Depuis, l’armée birmane n’a cessé de renforcer son contrôle. La Loi de 1962 sur les imprimeurs et les éditeurs – toujours en vigueur – place toutes les publications sous l’autorité d’une commission de censure. En 1966, les autorités ont interdit les journaux privés et cessé d’enregistrer les journaux en langues chinoise et indienne. Un « Mémorandum à tous les imprimeurs et éditeurs », datant de 1975, interdit toute publication sur une grande variété de sujets.
Après le soulèvement du 8-8-88, des milliers de dissidents ont fui le pays tandis que l’armée procédait à l’arrestation de journalistes et instaurait une censure généralisée.
Aujourd’hui, à l’intérieur de la Birmanie, surtout à Rangoon, on trouve 400 journaux, revues et magazines, lourdement censurés. À l’extérieur, des agences dirigées par des exilés distribuent des nouvelles dans des journaux, des magazines, des stations de radio et de télévision, ainsi que des médias en ligne, en langue birmane, en anglais et dans les langues interdites des médias de masse. Les gens, dit la SEAPA, comptent sur les services en langue birmane des radiodiffuseurs étrangers et sur les milliers d’antennes paraboliques obtenues sur le marché légal et sur le marché noir.
Consulter les sites suivants :
– Article de la SEAPA : http://tinyurl.com/6ct3aa
– Liens sur le site de « The Irawaddy » : http://tinyurl.com/67ogzv
– Rassemblements à travers le monde : http://tinyurl.com/653svd
– Des groupes de militants demandent à la Chine de cesser de soutenir la Birmanie : http://www.wmd.org/democracyalerts/aug0808b.html
– ARTICLE 19 : http://tinyurl.com/5lglta
– Amnistie Internationale demande la libération des prisonniers d’opinion :
http://tinyurl.com/5s4nhp
(13 août 2008)