Ces dernières semaines, les autorités colombiennes ont recours à l’arsenal judiciaire pour faire taire les journalistes et les médias d’informations – ou leurs sources – qui ne se gênent pas pour les dénoncer, indique un nouveau rapport de la Fondation pour la liberté de la presse (FLIP). Ce rapport s’ajoute à d’autres rapports qui mettent […]
Ces dernières semaines, les autorités colombiennes ont recours à l’arsenal judiciaire pour faire taire les journalistes et les médias d’informations – ou leurs sources – qui ne se gênent pas pour les dénoncer, indique un nouveau rapport de la Fondation pour la liberté de la presse (FLIP). Ce rapport s’ajoute à d’autres rapports qui mettent en lumière les violations récentes de la liberté de la presse en Colombie.
Au cour du dernier mois, les journalistes ont été sommés de se présenter devant les tribunaux pour témoigner d’événements qu’ils ont couverts – comme le scandale de la « parapolitique », qui a éclaté à la suite d’allégations selon lesquelles des politiciens proches du président Álvaro Uribe entretiennent des liens étroits avec les paramilitaires, dit la FLIP.
« Cette pratique non seulement inhibe la couverture des nouvelles par les journalistes, mais elle viole aussi leur droit de protéger leurs sources », dit la FLIP. Dans certains cas, des journalistes ont été accusés d’avoir des liens avec des groupes armés illégaux, ce qui pour la FLIP est troublant si les journalistes n’ont fait qu’utiliser ces groupes comme sources de renseignement. Lire les exemples de cas précis à : http://ifex.org/en/content/view/full/96530/
Quand les journalistes ne comparaissent pas comme témoins, ils se présentent comme défendeurs : on constate en effet depuis quelque temps une recrudescence des accusations d’insulte portées contre des journalistes. La semaine dernière, Roy Barreras, député au Congrès, a déposé un projet de loi qui éliminerait les peines de prison dans les affaires de diffamation. Mais cela justifie-t-il le recours aux sanctions criminelles pour suivre de près les violations de la liberté de l’information et protéger la réputation et la vie privée des citoyens? La FLIP et le Groupe juridique de l’Intérêt public, de l’Université des Andes (G-DIP) ont organisé un événement pour discuter du pour et du contre. Lire les arguments qui sont apparus lors du débat dans « Diffamation en Colombie : Démocratie, Liberté de l’Information et droit criminel », ici : http://www.flip.org.co/veralerta.php?idAlerta=312 (en espagnol).
Ces derniers mois, les attaques contre les journalistes se sont étendues à un groupe encore plus marginalisé – les reporters dans les communautés indigènes de Colombie – souvent le fait de groupes armés illégaux et du gouvernement, dit l’Association des médias indigènes en Colombie (AMCIC). Qui pis est, ces attaques sont souvent négligées parce qu’elles ne touchent pas la presse grand public. Pour en lire plus sur eux, aller à : http://www.onic.org.co/actualidad.shtml?x=34831 (en espagnol).
Enfin, la Société interaméricaine de la presse (SIP) et l’Association des journaux (ANDIARIOS) de Colombie ont parrainé une étude sur les irrégularités entourant l’affaire du journaliste Oscar Sierra, tué en 2002. « L’Injustice Récompensée » fait remarquer que l’assassin de Sierra a été condamné à 19 ans de prison et libéré après en avoir purgé cinq.
« Que faisait-il à peine 67 mois plus tard, de retour dans la rue, de nouveau à commettre des crimes et à tuer? » a demandé la SIP à un groupe de juristes et de législateurs lors d’une discussion le mois dernier. « C’est troublant… cela nous force à nous demander comment cela peut arriver et quels sont les effets du système actuel de récompenses judiciaires et de réductions de peines. »
Après avoir passé l’étude en revue, certaines personnes de la communauté judiciaire et certains législateurs colombiens ont accepté de travailler en vue d’obtenir des réformes pour combattre l’impunité. Lire les recommandations de la SIP à : http://www.impunidad.com
(10 septembre 2008)