Les membres de l’IFEX ont accueilli avec plaisir la libération, mardi, d’U Win Tin, le plus ancien prisonnier politique de Birmanie. Le frêle journaliste de 79 ans, membre fondateur de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), d’opposition, a passé 19 ans en prison. Il figure parmi les 9 000 prisonniers dont on aurait ordonné […]
Les membres de l’IFEX ont accueilli avec plaisir la libération, mardi, d’U Win Tin, le plus ancien prisonnier politique de Birmanie.
Le frêle journaliste de 79 ans, membre fondateur de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), d’opposition, a passé 19 ans en prison. Il figure parmi les 9 000 prisonniers dont on aurait ordonné la libération à la veille des élections promises pour 2010.
Cinq autres prisonniers politiques ont aussi été libérés, dit le magazine « The Irrawaddy », publié en exil, dont un autre écrivain bien connu, U Aung Soe Myint, et quatre membres de la LND.
« Les journalistes de toute l’Asie du Sud-Est – de toute l’Asie, du monde entier – vont se réjouir de la libération de U Win Tin. S’il ne devait y avoir qu’une personne pour symboliser la lutte pour la liberté de la presse en Asie du Sud-Est depuis deux décennies, cette personne serait U Win Tin », dit l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (SEAPA).
Peu après sa sortie de l’infâme prison d’Insein le 23 septembre, U Win Tin a déclaré aux journalistes, à partir de la résidence d’un ami, « Je vais continuer à faire de la politique parce que je suis un homme politique, a-t-il dit. « Je vais continuer d’appuyer Aung San Suu Kyi et la LND.
« Je vais avoir 80 ans. Mais je vais continuer à me battre jusqu’à l’émergence de la démocratie dans notre pays », a-t-il poursuivi.
Des groupes membres de l’IFEX, dont Mizzima News, la SEAPA, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Reporters sans frontières (RSF) et l’Association mondiale des journaux (AMJ), faisaient campagne depuis des années pour obtenir la libération de U Win Tin
Arrêté pour la première fois le 4 juillet 1989, U Win Tin a été condamné en tout à vingt ans de prison pour divers chefs d’inculpation, notamment celui de propagande anti-gouvernementale. Il était rédacteur en chef du quotidien « Hanthawathi » et vice-président de l’Association des écrivains de Birmanie, et il a été le mentor politique d’Aung San Suu Kyi, la dirigeante de la LND.
Il a subi de mauvais traitements en diverses occasions pendant les presque vingt ans de sa détention, comme en 1996, après que les autorités eurent découvert qu’il avait transmis aux Nations Unies des renseignements sur les conditions de détention dans sa prison, dit RSF.
En dépit des rapports largement répandus concernant son mauvais état de santé, les promesses faites en 2004 et en 2005 de le libérer n’ont pas été tenues, et le Comité international de la Croix-Rouge est empêché depuis 2006 de lui rendre visite.
En hommage à sa détermination dans la lutte pour la liberté de la presse, U Win Tin a reçu plusieurs récompenses liées à la liberté de la presse, notamment le Prix mondial Guillermo-Cano de la Liberté de la presse, décerné par l’UNESCO, la Plume d’Or de la Liberté, de l’AMJ, et le prix de RSF pour la liberté de la presse.
La Birmanie, qui vit sous la coupe d’une dictature militaire qui refuse de reconnaître le raz-de-marée électoral de 1990 en faveur de la LND, demeure l’un des pires violateurs de la libre expression de la planète. Le pays n’a pas de presse indépendante. Plus de 2 000 personnes sont toujours en prison en Birmanie à cause de leurs idées politiques, dont au moins huit sont des journalistes et des écrivains birmans, dit la SEAPA. « Le monde doit continuer à faire pression pour obtenir leur libération inconditionnelle à eux aussi », dit la SEAPA.
La libération de U Win Tin survient près d’un an après la brutale répression par la junte militaire de la « Révolution de safran », nom qu’ont pris les manifestations dirigées par les moines de Birmanie en faveur de la démocratie. Des centaines de personnes ont été tuées, des milliers d’autres jetées en prison, des monastères ont reçu la visite de l’armée, et d’innombrables manifestants sont toujours portés disparus. D’après « The Irrawaddy », la sécurité est renforcée depuis quelques semaines, surtout dans les zones où on a manifesté l’an dernier, et les moines se plaignent d’être soumis à des interrogatoires.
Des manifestations de protestation sont prévues à travers le monde pour marquer le premier anniversaire de la Révolution de safran, le 27 septembre. La Campagne pour la Birmanie qui se déroule aux États-Unis invite les gens à organiser à cette occasion des événements pour la Birmanie – projection de films, présentations éducatives, journée « portez du rouge ». Pour s’inscrire et recevoir du matériel pour l’événement que vous organisez, ou encore pour voir ce qui se passe dans votre région, allez à : http://uscampaignforburma.org/
Par ailleurs, huit lauréats du prix Nobel de la paix, dont Desmond Tutu et le Dalaï Lama, ont publié le 23 septembre une déclaration conjointe dans laquelle ils pressent le peuple de Birmanie de « maintenir la non-violence, la détermination et la vigilance – en dépit des difficultés », rapporte « The Irrawaddy ».
Consulter les sites suivants :
– Mizzima News : http://tinyurl.com/3zegwm
– SEAPA : http://tinyurl.com/4vkpyo
– CPJ : http://tinyurl.com/5xh2zv
– FIJ : http://tinyurl.com/42ehzz
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=28673
– AMJ : http://www.wan-press.org/article17878.html
– UNESCO : http://tinyurl.com/3unzuy
– « The Irrawaddy » : http://www.irrawaddy.org
(24 septembre 2008)