Le Parlement européen a décerné son prestigieux Prix Sakharov de la Liberté de penser au militant chinois Hu Jia, en dépit de l’avertissement de Pékin, que la sélection de ce prisonnier politique allait nuire aux relations entre la Chine et l’Union Européenne. Militant des droits de la personne et de l’environnement, et défenseur des victimes […]
Le Parlement européen a décerné son prestigieux Prix Sakharov de la Liberté de penser au militant chinois Hu Jia, en dépit de l’avertissement de Pékin, que la sélection de ce prisonnier politique allait nuire aux relations entre la Chine et l’Union Européenne.
Militant des droits de la personne et de l’environnement, et défenseur des victimes du SIDA basé à Pékin, Hu « est l’un des véritables défenseurs des droits de la personne en République populaire de Chine », a déclaré le président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering. « En décernant le prix Sakharov à Hu Jia, le Parlement européen transmet clairement le signal qu’il appuie tous ceux qui défendent les droits de la personne en Chine. »
Le gouvernement chinois avait découragé l’UE de décerner le prix à Hu. Dans une lettre à Pöttering avant l’annonce de l’attribution du prix, l’ambassadeur de Chine à l’UE avait écrit « si le Parlement européen devait décerner ce prix à Hu Jia, cela blesserait de nouveau inévitablement le peuple chinois et nuirait sérieusement aux relations sino-européennes ».
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères Qin Gang, a traité Hu de « criminel ». Il a déclaré en conférence de presse à Pékin : « Décerner une récompense à un pareil criminel constitue de l’ingérence dans la souveraineté judiciaire de la Chine et irait totalement à l’encontre du but initial de ce prix. »
Hu a été condamné en avril à trois ans et demi de prison après avoir été reconnu coupable de subversion pour avoir formulé auprès de médias étrangers, avant les Olympiques, des commentaires critiques à l’égard du bilan de la Chine en matière de droits de la personne. Human Rights Watch a déclaré à ce moment que les déclarations de culpabilité liées à la sécurité de l’État constituaient l’« arme de choix » des autorités pour retirer de la circulation des militants de renom avant l’ouverture des Jeux.
Les membres de l’IFEX applaudissent l’attribution de la récompense à Hu, et réitèrent leur demande déjà ancienne que l’on libère Hu.
« Le gouvernement chinois devrait voir Hu Jia aussi clairement que le Parlement européen : non comme un ennemi ou comme une honte, mais plutôt comme quelqu’un dont la démarche courageuse incarne le meilleur de la Chine », a indiqué Human Rights Watch.
Pour Reporters sans frontières (RSF), « les autorités chinoises commettent une grosse erreur en le traitant comme un criminel et en menaçant et le jury du prix Nobel de la paix et les députés du Parlement européen ».
Le gouvernement chinois a déclaré, avant l’annonce de l’attribution du prix Nobel de la paix, plus tôt ce mois-ci, que le jury serait malavisé de le décerner à Hu, qui était perçu comme finaliste. C’est l’homme d’État finlandais Martti Ahtisaari qui l’a remporté.
L’épouse de Hu, Zeng Jinyan, elle aussi championne éloquente des droits de la personne, et leur petite fille, vivent en résidence surveillée à Pékin.
Zeng a salué la récompense comme un signe que l’Europe accorde de l’attention aux droits de la personne en Chine et qu’elle se préoccupe de la situation de son mari. Elle a déclaré au « Guardian » : « C’est aussi un (signe) d’approbation de son travail. J’imagine qu’il doit être très content s’il est au courant. »
Zeng a déclaré que la situation de la famille s’améliorait et qu’elle pouvait se déplacer relativement librement. Elle est allée le voir la semaine dernière et les gardiens ont permis à Hu de prendre son enfant pour la première fois dans ses bras. Ses partisans s’inquiètent de la santé de Hu parce qu’il est atteint d’une maladie de foie.
Les lauréats précédents du prix Sakharov incluent Nelson Mandela, d’Afrique du Sud, et la dirigeante de l’opposition en Birmanie, Aung San Suu Kyi. La récompense, accompagnée de la somme de 50 000 euros (64 200 $US) sera présentée à Strasbourg, en France, le 17 décembre, juste une semaine après le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il reste douteux que Zeng soit autorisée à se rendre en Europe recevoir le prix au nom de Hu.
Consulter les sites suivants :
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/6z85j5
– FIJ : http://tinyurl.com/6hlf7r
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=29069
– Site web du prix Sakharov : http://tinyurl.com/5hapaq
– « Guardian » : http://tinyurl.com/67msjr
(Photo de Hu Jia courtoisie de Ng Han Guan/AP)
(29 octobre 2008)