Le groupe des Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE) et d’autres groupes membres de l’IFEX saluent la remise en liberté d’une journaliste de la télévision canadienne qui a passé quatre semaines en captivité, et demandent toujours la libération de son guide et de son chauffeur, qui sont détenus actuellement. Mellissa Fung, correspondante de la […]
Le groupe des Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE) et d’autres groupes membres de l’IFEX saluent la remise en liberté d’une journaliste de la télévision canadienne qui a passé quatre semaines en captivité, et demandent toujours la libération de son guide et de son chauffeur, qui sont détenus actuellement.
Mellissa Fung, correspondante de la Canadian Broadcasting Corporation (CBC), a été enlevée le 12 octobre tandis qu’elle était en mission dans un camp de réfugiés situé aux limites de la capitale afghane, Kaboul. Elle a décrit son calvaire de 28 jours au service des renseignements afghan, disant qu’elle avait été enchaînée et qu’on lui avait fait porter un bandeau sur les yeux pendant son séjour dans une minuscule caverne souterraine.
La CBC a confirmé que Shakoor Ferog, le guide de Fung, et son frère, qui lui servait de chauffeur, sont en détention. D’après le CJFE, ils sont détenus depuis qu’ils se sont rendus au poste de police pour signaler l’enlèvement de Fung. On ne sait pas clairement s’ils sont détenus parce qu’on les soupçonne ou pour assurer leur propre protection.
« Notre attention et celle du gouvernement canadien doivent se tourner vers Ferog, le collègue de Fung … Ferog travaille pour la CBC depuis plus de cinq ans, et il a mis sa vie en danger à de multiples occasions pour appuyer les journalistes de la CBC », déclare le CJFE.
Les talibans ont décliné de façon répétée toute responsabilité dans l’enlèvement de Fung, et ont plutôt affirmé que le groupe islamiste Hizb-e-Islami était le groupe responsable.
Selon les médias locaux, le gouvernement canadien a nié que des prisonniers talibans aient été échangés pour obtenir la libération de Fung, ou qu’une rançon ait été versée. Un haut responsable afghan a déclaré que Fung avait été libérée après que des aînés de tribus locales et des membres du conseil provincial eurent négocié sa remise en liberté.
La veille de la libération de Fung, une autre journaliste étrangère a été libérée – une semaine après son enlèvement. Joanie de Rijke, une ressortissante néerlandaise, a été enlevée près de Kaboul tandis qu’elle travaillait pour le magazine belge « P » à une histoire sur les soldats français tués en août dans une embuscade des talibans, selon ce que rapporte le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Fung vient tout juste de parler publiquement aux médias canadiens, qui ont tu la nouvelle de son enlèvement à la demande de la CBC dans le cadre d’un effort international pour assurer son retour saine et sauve. Le cas de de Rijke n’a pas non plus été couvert.
Une équipe secrète d’« opérations » à Toronto, composée de membres du personnel de la CBC et des conseillers en sécurité de la société, tenait un petit groupe de personnes, dont les parents de Fung, au courant de l’évolution de la situation tandis que les médias du Canada acceptaient, fait sans précédent, de respecter un blackout sur la nouvelle.
Ce blackout – sur la recommandation des experts en sécurité qui disaient que toute attention ou couverture de la part des médias accordée à ce type d’enlèvement rehausse l’incident et entraîne souvent des résultats très graves – a contribué à la libération de Fung, déclare la CBC.
Le CJFE se porte à la défense de la décision. « En tant qu’organisation de défense de la libre expression, nous croyons à l’importance de l’accès à l’information, mais notre préoccupation primordiale, c’est la protection et la sûreté des journalistes », déclare le CJFE.
Mais l’embargo soulève aussi des questions sur l’éthique des médias. Dans leurs commentaires sur les sites web de plusieurs organisations de presse, les lecteurs demandent si on aurait affiché la même considération pour une autre victime d’enlèvement non membre de la communauté des médias. On s’est aussi demandé s’il n’y a pas autre chose que les médias d’informations auraient pu tenir secret.
Consulter les sites suivants :
– CJFE : http://tinyurl.com/6lzses
– CPJ : http://tinyurl.com/5vhaxk
– Fédération internationale des journalistes : http://tinyurl.com/5gukwc
– CBC : http://tinyurl.com/6qeb9h
(12 novembre 2008)