Les stations de radio privées de Guinée-Bissau, petit pays d’Afrique de l’Ouest, ont reçu l’ordre de cesser leurs émissions à la suite de l’assassinat du président et de celui du chef d’état-major de l’armée, selon ce que rapportent la Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (Media Foundation for West Africa, MFWA) et Reporters […]
Les stations de radio privées de Guinée-Bissau, petit pays d’Afrique de l’Ouest, ont reçu l’ordre de cesser leurs émissions à la suite de l’assassinat du président et de celui du chef d’état-major de l’armée, selon ce que rapportent la Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (Media Foundation for West Africa, MFWA) et Reporters sans frontières (RSF).
Le Chef d’état-major, le général Tagme Na Wai, a été tué par une roquette au quartier général des forces armées dans la capitale, Bissau, le 1er mars. Le président João Bernardo Vieira a été tué en représailles le 2 mars dans un autre attentat, indique Sandji Fati, colonel à la retraite, qui était proche du président.
Une déclaration émise par l’armée a nié qu’un coup d’État fût en cours, et a plutôt attribué la responsabilité de l’attentat à un groupe « isolé » de soldats non identifiés que l’armée dit pourchasser activement.
Après l’attentat contre le quartier général de l’armée, des officiers ont ordonné aux trois stations de radio privées du pays – Radio Pindjiguiti, Radio Bombolom et la Voix de Quelele – de cesser leurs émissions.
« Pour la sécurité des journalistes, vous devez fermer la station de radio et cesser de diffuser. Pour votre propre sécurité », a déclaré aux reporters d’une station Samuel Fernandes, porte-parole des forces armées.
Mais la MFWA soutient que les stations de radio ont reçu l’ordre de cesser de diffuser parce qu’elles pouvaient répandre de fausses informations sur la mutinerie.
Quoi qu’il en soit, RSF rapporte que les médias électroniques ont été autorisés à reprendre leurs opérations vers midi le 2 mars.
La tension entre le président et l’armée s’est accrue régulièrement ces derniers mois. Des soldats ont attaqué le bureau du président peu après les élections parlementaires de novembre dans ce qui pourrait avoir été une tentative de coup d’État, et on a fait état dans certains milieux d’une hostilité croissante entre Vieira et Na Wai.
Les deux hommes ont été accusés de participation au commerce de la cocaïne, immensément lucratif. Le pays appauvri constitue un point de transit majeur pour la cocaïne d’Amérique du Sud à destination de l’Europe, les trafiquants profitant de l’absence presque complète de surveillance de la part de la Guinée-Bissau, de l’instabilité gouvernementale et de la pauvreté pour se livrer à leurs activités. Le bureau des Nations Unies chargé de la lutte contre la drogue et la criminalité a tiré la sonnette d’alarme l’an dernier : le pays menaçait de devenir un narco-État.
Dans le passé, les autorités ont été accusées de tenter d’intimider les journalistes pour les dissuader de faire enquête sur les allégations de participation au trafic de drogue. En 2007, au moins quatre journalistes sont entrés dans la clandestinité par crainte d’être assassinés à cause de leurs reportages qui avaient identifié les forces armées du pays, surtout les fusiliers marins, comme étant d’importants collaborateurs dans le trafic de la drogue.
Consulter les sites suivants :
– MFWA : http://tinyurl.com/aegyst
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=30437
– Communiqué de l’IFEX sur les médias et le commerce de la drogue (sept. 2007) : http://ifex.org/fr/content/view/full/86284
– The Guardian : http://tinyurl.com/bz3s9t
– IRIN (service humanitaire et d’analyse des nouvelles des Nations Unies) :
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=83262
(4 mars 2009)