RSF dénonce la tendance récente de la justice marocaine à condamner des médias du pays à verser des amendes exorbitantes dans des affaires de "diffamation".
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce la tendance récente de la justice marocaine à condamner des médias du pays à verser des amendes exorbitantes dans des affaires de « diffamation ». Vingt-quatre heures après la condamnation en première instance de trois quotidiens marocains, à verser, ensemble, la somme de trois millions de dirhams (270 000 euros) de dommages et intérêts pour « atteinte à la dignité d’un chef d’Etat », le mensuel « Economie Entreprises » a été condamné en appel, le 30 juin 2009, à verser la somme de 5,9 millions de dirhams (531 000 euros) pour « diffamation » à l’encontre d’un holding royal.
« La tendance actuelle des autorités marocaines est de remplacer les condamnations à des peines de prison par des amendes exorbitantes. Ceci ne constitue en rien une amélioration de la situation de la liberté de la presse dans le royaume. Ces amendes sonnent comme un avertissement pour la presse. Véritable épée de Damoclès, elles conduisent les journaux à la fermeture ou à l’autocensure. C’est regrettable pour l’avenir des médias d’investigation marocains », a déclaré l’organisation.
Suite à la publication d’une brève dans le numéro de mars 2009 du mensuel « Economie Entreprises », la société Primarios, appartenant au holding royal, avait porté plainte pour « diffamation » contre le journal. Dans cette brève très courte de six lignes, il était fait mention que cette société facturait ses produits dix fois leur prix de revient.
Le 18 mai 2009, le journal avait été condamné en première instance à verser la somme de 1,8 millions de dirhams (162 000 euros) pour « dommages et intérêts ». En appel, cette somme a été triplée.