(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée le 26 octobre 2001 au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF s’est indignée de l’interdiction de publication de la revue « Idea Politika » et du procès intenté contre Erol Özkoray, fondateur et rédacteur en chef de la revue, pour avoir « insulté et méprisé l’armée et la République ». La […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée le 26 octobre 2001 au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF s’est indignée de l’interdiction de publication de la revue « Idea Politika » et du procès intenté contre Erol Özkoray, fondateur et rédacteur en chef de la revue, pour avoir « insulté et méprisé l’armée et la République ». La première audience du procès doit s’ouvrir le 9 novembre au Tribunal pénal d’Istanbul.
« Nous allons attirer l’attention des institutions européennes sur l’importance de ce procès, qui a valeur de test : est-il oui ou non possible en Turquie de critiquer les institutions et l’armée ? Si la réponse est non, il sera clair que la Turquie n’a pas sa place parmi les démocraties européennes », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous vous demandons d’intervenir pour que les charges retenues à l’encontre d’Erol Özkoray soient purement et simplement levées », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, Özkoray, fondateur et rédacteur en chef de la revue trimestrielle « Idea Politika », est poursuivi en vertu de l’article 159 du Code pénal turc, pour « insulte à l’armée » et « insulte à la République ». Dans plusieurs articles, il a analysé le rôle que joue l’armée turque au sein des institutions, son omniprésence politique et son poids économique, qui bloquent la démocratisation du pays, candidat à l’Union européenne. Le procès qui doit s’ouvrir le 9 novembre au Tribunal pénal d’Istanbul est relatif à l’article publié en mars intitulé « Coup d’Etat permanent et démocratie « alla turca » ». Pour ce seul article, Özkoray risque 12 ans de prison. Deux autres procédures judiciaires ont été ouvertes à son encontre. En additionnant les peines requises dans les différentes procédures, Özkoray risque trente ans de prison. En outre le numéro d’automne d' »Idea Politika », « À quoi sert l’armée ? », a été saisi et interdit de publication le 14 septembre par le ministère de la Justice, à la demande du Chef d’état-major des armées. Le 4 octobre, le deuxième Tribunal pénal d’Istanbul a levé l’interdiction de publication. Selon Özkoray, « nous sommes en face d’un acharnement de l’armée qui a peur de l’Union européenne, donc de la démocratie. « Idea Politika » a un seul objectif : défendre les valeurs de l’Union européenne. L’armée veut empêcher l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne car elle sait qu’elle perdra tout son pouvoir et son droit de regard sur le système politique ».