(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée le 24 octobre 2001 au ministre de l’Intérieur, Rüstü Kazim Yücelen, RSF s’est inquiétée des menaces verbales dont a été l’objet Adnan Keskin, journaliste au quotidien « Radikal », de la part du député et ancien ministre de l’Intérieur Mehmet Agar, suite à la parution, dans l’édition du 17 octobre de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée le 24 octobre 2001 au ministre de l’Intérieur, Rüstü Kazim Yücelen, RSF s’est inquiétée des menaces verbales dont a été l’objet Adnan Keskin, journaliste au quotidien « Radikal », de la part du député et ancien ministre de l’Intérieur Mehmet Agar, suite à la parution, dans l’édition du 17 octobre de « Radikal », de son article « L’affaire Susurluk dissimulée ».
« Nous prenons très au sérieux ces menaces, d’autant qu’elles sont directement liées à l’une des affaires les plus compromettantes de ces dernières années pour la police turque », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous vous demandons d’intervenir directement pour que les protagonistes bien connus de cette affaire renoncent à faire pression sur le journaliste, et a fortiori, à s’en prendre à lui », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, Keskin a reçu un appel téléphonique, le 19 octobre, de Agar, lui enjoignant d' »arrêter » de parler de l’affaire Susurluk, précisant que « sinon », ses « amis » (mis en cause dans cette affaire), « pourraient mal se comporter ». Keskin avait publié, le 17 octobre, un article intitulé « L’affaire Susurluk dissimulée », dénonçant la clémence dont pourraient bénéficier cette semaine de la part de la Cour de cassation plusieurs hauts fonctionnaires de police mis en cause dans le cadre de cette affaire. En 1996, un responsable mafieux, un dignitaire de la police et un député avaient été retrouvés dans le même véhicule, après un accident à Susurluk, petite localité de la ville de Balikesir (ouest du pays). Seul le député avait survécu à l’accident. Un stock d’armes se trouvait dans le coffre du véhicule. L’enquête diligentée à l’époque sous la pression de l’opinion publique avait mis en évidence une collusion entre certains fonctionnaires de police et des réseaux criminels, et l’existence d’un dispositif visant à éliminer des opposants au régime. Le député Agar, alors ministre de l’Intérieur, ainsi que le député rescapé de l’accident, avaient été mis en cause mais avaient bénéficié de leur immunité parlementaire. Un procès avait en revanche été intenté contre plusieurs hauts fonctionnaires et policiers pour « abus de fonctions » et « appartenance à une organisation criminelle ». Le 24 octobre, la Cour de cassation s’est prononcée en faveur d’une approfondissement de l’enquête.