Edouard Diyi a été entendu sur procès verbal pendant plus de sept heures au sujet d'une entrevue qu'il a entrepris avec un cadre de l'UDPS.
(JED/IFEX) – Kinshasa, le 1er février 2012 – Edouard Diyi, directeur de Kasaï Horizon Radio Télévision (KHRT), une chaîne privée émettant à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Occidental (centre de la RDC), a été longuement entendu, mardi 31 janvier 2012, au poste local de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). Diyi a été accusé de « mobiliser la population en faveur du mot d’ordre de la grève générale » lancé par M. Etienne Tshisekedi, président de la République autoproclamé à l’issue des présidentielles controversées du 28 novembre 2011 qui ont consacré la victoire du président sortant Joseph Kabila.
Selon les témoignages recueillis par JED, Diyi a animé, dimanche 29 janvier 2012, une émission intitulée « Muyiki » (ce qui signifie conversation) au cours de laquelle un de ses invités a condamné le mot d’ordre de la grève générale lancé par M. Tshisekedi. Et, le lundi 30 janvier 2012 au matin, le journaliste a réalisé une interview téléphonique avec M. Valentin Mubake, cadre de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS, parti de l’opposant Tshisekedi) qui a expliqué à la population le bienfondé du mot d’ordre de grève générale.
Edouard Diyi a été entendu sur procès verbal pendant plus de sept heures à l’ANR autour de cette émission avant de regagner son domicile vers 17 heures locales grâce à l’intervention de quelques membres de la profession.
Contacté par JED, Diyi a déclaré que le responsable local de l’ANR lui a interdit de faire passer sur les ondes de KHRT les supporters et dirigeants de l’UDPS. « Il m’a aussi été demandé de présenter à l’ANR les documents de la radio dans les prochains jours. Pour le chef de l’ANR, je dois choisir d’être vedette ou martyr. Si je continue à faire passer à la radio les nouvelles de l’UDPS la radio sera fermée », a-t-il ajouté.
Journaliste en danger (JED) condamne vigoureusement cette immixtion des services de sécurité dans le travail de la presse.
JED rappelle que l’ANR n’a ni mandat, ni qualité d’interdire à un média de diffuser les nouvelles d’un parti de l’opposition, et encore moins d’exiger à un média les documents de son fonctionnement.