Le photographe Marios Lolos est actuellement hospitalisé après avoir été violemment frappé à la tête par un officier de la police anti-émeutes à Athènes.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne avec la plus grande fermeté la nouvelle vague d’agressions délibérées visant des journalistes et photographes à Athènes, et appelle les forces de l’ordre à identifier immédiatement les auteurs de ces exactions dans leurs rangs.
« L’accalmie aura donc été de courte durée. La police anti-émeutes, sur la sellette depuis les exactions de l’été et de l’automne dernier, semble avoir retrouvé ses réflexes répressifs. Le caractère délibéré de ces nouvelles agressions ne fait aucun doute : Marios Lolos, personnage public très connu, a été pris à partie en marge d’un rassemblement pacifique, au milieu d’un groupe de journalistes clairement identifiés. A-t-on voulu le punir pour ses activités syndicales ? Veut-on intimider l’ensemble de la presse alors que la révolte sociale grecque ne fait que s’approfondir ? Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur ces agissements intolérables, et que les officiers coupables de voies de fait contre la presse soit sévèrement sanctionnés », a déclaré l’organisation.
Président de l’Union des photojournalistes grecs (EFE) et photographe pour l’agence Chine Nouvelle, Marios Lolos est actuellement hospitalisé après avoir été violemment frappé à la tête par un officier de la MAT (la police anti-émeutes) à proximité de la place Syntagma d’Athènes, le 5 avril 2012. Le journaliste se trouve dans un état grave et a subi une opération de la boîte crânienne.
D’après tous les témoignages, la situation était calme et les photojournalistes, venus couvrir un rassemblement en hommage au retraité grec qui s’était suicidé la veille, ne portaient ni casque ni masque à gaz. Le journaliste Makis Synodinos, du journal Naftemporiki, et le correspondant de Star TV Panagiotis Bousios, figurent également parmi les blessés causés par la charge délibérée d’un détachement de la MAT.
Le 4 avril au soir, des journalistes avaient été blessés en marge d’affrontements opposant manifestants et forces anti-émeutes. Rena Maniou (Antenna TV) avait dû être évacuée en ambulance après avoir reçu un coup de matraque sur la nuque, tandis que d’autres journalistes dont Dionysis Vythoulkas (To Vima) et Giorgos Gerafentis (NET) avaient été violemment malmenés par la MAT.
Le 25 mars 2012, Anthee Carassava (Sky News, Los Angeles Times) avait été agressée par un policier alors qu’elle couvrait une parade militaire sur la place Syntagma depuis le Parlement. Alors qu’elle était dotée de toutes les accréditations nécessaires et qu’elle se déplaçait selon les recommandations de la police, un officier de faction l’a menacée de l’éloigner de force. Le garde a ensuite cherché à s’emparer du téléphone sur lequel elle avait enregistré sa voix, et trois de ses collègues sont venus lui prêter main forte en brutalisant la journaliste avant de la traîner à l’intérieur de la cour du Parlement.
L’agression n’a cessé que sur l’intervention d’une femme agent de police. Mais alors qu’Anthee Carassava quittait les lieux en tentant d’identifier ses agresseurs, ceux-ci l’ont emmené au poste de police et l’ont menacé de plus belle. Alors que la journaliste cherchait à comprendre à quel titre elle était enfermée dans un bureau avec eux, les policiers ont cherché à l’intimider en la menaçant d’arrestation et en lui signifiant qu’ils « faisaient ce qu’ils voulaient ».
Le 14 septembre 2011, Reporters sans frontières avait publié un rapport d’enquête soulignant la dégradation des conditions de travail de la presse en Grèce et appelant les forces de l’ordre à respecter le travail des professionnels des médias en marge des protestations sociales.