(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF a protesté contre la saisie du livre du journaliste Celal Baslangiç, qui contient des témoignages mettant en cause la responsabilité de l’État turc dans une série d’exactions contre des civils kurdes dans le sud-est du pays. « Il semble que la […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF a protesté contre la saisie du livre du journaliste Celal Baslangiç, qui contient des témoignages mettant en cause la responsabilité de l’État turc dans une série d’exactions contre des civils kurdes dans le sud-est du pays.
« Il semble que la Turquie, candidate à l’Union européenne, n’ait toujours pas l’intention de renoncer à la censure », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Nous vous demandons de vous résoudre à respecter les obligations contractées par la Turquie en matière de respect de la liberté d’expression », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, la troisième édition du livre « Le Temple de la peur » de Baslangiç, journaliste du quotidien de centre gauche « Radikal », a été saisie, le 21 août 2001, à la demande du juge Dursun Ali Gümüs. Le 21 août, le procureur de la République d’Istanbul a engagé des poursuites contre le journaliste devant le deuxième tribunal de police, pour « propos injustes et irréels à l’encontre des militaires » et « moquerie et insulte envers les forces armées turques ». Des témoignages recueillis dans le livre « Le Temple de la peur » mettent en effet en cause la responsabilité de l’État dans des massacres commis lors d’opérations militaires contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est du pays. L’ouvrage traite notamment de quatre séries d’exactions commises contre la population civile à partir de 1989. En vertu de l’article 159 du Code pénal turc, le journaliste risque un à six ans de prison.
RSF rappelle que le délit d’opinion est toujours passible de prison en Turquie, pays pourtant candidat à l’Union européenne. Fikret Baskaya, universitaire et éditorialiste, a été condamné par la Cour de sûreté d’État à une peine de un an et quatre mois de prison, et incarcéré le 29 juin, pour « propagande séparatiste par voie de presse ». L’éditorialiste avait écrit, dans un article publié le 1er juin 1999 dans le quotidien prokurde « Özgür Bakis », que « les dirigeants turcs ont toujours considéré le problème kurde comme un problème d’ordre public alors qu’il s’agit d’un problème national, et ont pensé pouvoir résoudre le problème en appliquant une politique chauviniste, raciste et nationaliste ». Zeynel Abidin Kizilyaprak, éditeur d’un supplément du quotidien « Özgür Bakis » intitulé « De 1900 à l’an 2000, les Kurdes », a également été condamné à un an et quatre mois de prison pour avoir tenu des « propos séparatistes » (consulter l’alerte de l’IFEX du 11 juin 2001). Il sera incarcéré le 22 octobre prochain. RSF a demandé à nouveau au ministre de la justice la libération des journalistes Baskaya, Asiye Zeybek Güzel, Hasan Özgün, Mustafa Benli et Kemal Evcimen, et un procès juste et équitable pour le journaliste Nureddin Sirin (consulter les alertes de l’IFEX du 18 avril et 7 mars 2001, 22 et 20 décembre 2000 et 7 décembre 1999).