Des représentants d’organisations internationales en faveur de la liberté d’expression demandent qu’une enquête publique indépendante autour de l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia soit lancée d’ici trois mois.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 27 juin 2019.
Nous, représentants d’organisations internationales en faveur de la liberté d’expression, saluons la résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) adoptée le 26 juin, qui condamne l’impunité qui entoure l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia et plus généralement les manquements vis à vis de l’Etat de droit à Malte. Nous demandons qu’une enquête publique indépendante autour de ce meurtre soit lancée d’ici trois mois.
Intitulé, “Autour de l’assassinat de Daphne Caruana Galizia et de l’État de droit à Malte : veiller à ce que toute la lumière soit faite”, la résolution accompagne un rapport de Pieter Omtzigt,député néerlandais et rapporteur sur cette affaire auprès de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.
Au cours d’un débat nourri à l’issue duquel deux délégués maltais et quatre représentants azerbaïdjanais se sont prononcés contre le rapport, la résolution a été adoptée : 72 délégués ont voté pour, quatre ont voté contre et trois délégués se sont abstenus. La plupart des 14 amendements proposés ont été rejetés, ceux proposés par la délégation maltaise qui auraient fragilisé la résolution, ou un amendement en faveur d’un contrôle permanent de Malte par l’Assemblée parlementaire qui a été écarté par les représentants de l’archipel.
Depuis qu’elles se sont rendues à Malte en octobre 2018, un an après l’assassinat de la journaliste, dans le cadre d’une mission internationale de défense de la liberté d’expression, nos organisations réclament, comme la famille de la journaliste et ses avocats, l’ouverture d’une enquête publique indépendante à laquelle le gouvernement se refuse.
Conformément à l’avis rendu par les cabinets juridiques Doughty Street Chamber et Bhatt Murphy Solicitors, une enquête publique indépendante permettrait d’établir si le gouvernement maltais savait ou aurait dû savoir qu’une menace planait sur la vie de Daphne Caruana Galizia; s’il aurait pu agir pour la protéger et empêcher son assassinat; et quelles leçons peuvent être tirées pour l’avenir.
Nous appelons donc le gouvernement maltais à lancer une enquête publique indépendante et à respecter les recommandations présentées dans la résolution de l’Assemblée parlementaire (APCE); à cesser de discréditer et d’exercer des pressions contre Pieter Omtzigt et à coopérer avec lui dans le cadre de son mandat. Les autorités doivent également veiller à respecter pleinement leurs obligations en tant que pays membre du Conseil de l’Europe et en respect de la Convention européenne des droits de l’homme.
Les représentants de Reporters sans frontières (RSF), du Centre Européen pour la liberté de presse et des médias (ECPMF) et d’IFEX présents à la session de l’Assemblée parlementaire ont pu afficher leur soutien au rapport et à la résolution et organiser un événement autour de cette question avec ARTICLE 19, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), la fédération européenne des journalistes, PEN International et le soutien financier de la Fondation “Justice pour les journalistes” (Justice for Journalists).
Signataires:
Reporters Without Borders (RSF)
ARTICLE 19
Committee to Protect Journalists
European Centre for Press and Media Freedom
European Federation of Journalists
IFEX
International Press Institute (IPI)
PEN International
Scottish PEN
Transparency International