Le gouverneur de la RDC à Mongala ordonne la fermeture de 3 stations de radio et la suspension de journalistes pour avoir prétendument insulté deux responsables gouvernementaux.
Cet article a été initialement publié sur jed-afrique.org le 29 mai 2020.
Dans une lettre adressée, le mercredi 27 mai 2020, au Vice- Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, M. Gilbert Kankonde, Journaliste en danger (JED) lui a exprimé ses vives préoccupations à la suite de la fermeture brusque de plusieurs médias émettant à Bumba, dans la province de la Mongala ( Nord-ouest de la RD Congo), sur un ordre conjoint du Gouverneur de province et du Président de l’Assemblée provinciale.
« JED vous demande de rappeler à l’ordre monsieur Crispin Ngubundu, Gouverneur de province de la Mongala, et d’user de votre autorité pour faire cesser ces violations graves de la liberté de la presse, qui sont en contradiction flagrante avec les engagements pris par le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, de promouvoir la presse et les médias, et de faire respecter le travail des journalistes », a écrit JED dans cette correspondance dont copies ont été reversées notamment au Directeur de cabinet du Président de la République et à l’instance de régulation des médias, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC).
En effet, selon les informations en possession de JED, les stations des radios suivantes ; la Radio Mongala ; la voix de Bumba FM ; la Radio rurale de Bumba et la Radio Mwana mboka, toutes émettant à Bumba, sont interdites de diffusion, jusqu’à nouvel ordre, par un communiqué rendu public, le 26 mai 2020, par le Gouverneur de la province de Mongala, M. Crispin NGBUNDU et par le Président de l’Assemblée provinciale, M. Floribert Gala.
Dans ce même communiqué, les deux autorités provinciales ont ordonné, notamment, la suppression définitive de l’émission dénommée «12.600 lettres » sur toutes les chaînes et stations de radio de la province ; la suspension des journalistes- animateurs de plusieurs émissions, ainsi que leur poursuites en justice pour « propos outrageant et dégradants à l’endroit de madame la Présidente de l’Assemblée nationale et du Gouverneur de province ; incitation à la haine tribale, et outrage aux bonnes mœurs…. ».
A la suite de cette décision, des groupes des policiers ont assiégé les installations de ces médias pour en empêcher tout accès.
Dans la foulée de ces mesures, Fabrice Ngani, journaliste, animateur de l’émission intitulée Bonjour Bumba diffusée sur les ondes de la Radio la voix de Bumba FM, a été arrêté, le 26 mai 2020 vers 8 heures, à sa rédaction par un groupe d’agents de la police commis à la sécurité du Gouverneur de province. Le journaliste a été conduit à la résidence du Gouverneur où il a été violenté et séquestré pendant plus de 6 heures du temps avant d’être transféré et détenu dans les installations de la police.
« Sans entrer dans le fond de ces accusations portées contre les médias ainsi durement sanctionnés, JED dénonce le caractère abusif et disproportionné de ces mesures qui portent une grave atteinte à la liberté de l’information, d’opinion, et d’expression, reconnue et garanties par la Constitution de la République »,
Dans cette correspondance, JED a surtout sollicité l’implication personnelle de M. Gilbert Kankonde, en sa qualité de Vice Premier Ministre ayant autorité sur les provinces, pour faire cesser les interférences des autorités politiques dans le fonctionnement des médias, et ordonner la réouverture des ces organes de presse fermés abusivement.
Pour JED : « Quels que soient les griefs qui peuvent être portés contre les médias incriminés, ni le Gouverneur de province, ni le président de l’Assemblée provinciale, n’ont qualité , ni compétence pour connaitre des fautes professionnelles des journalistes , ou des délits de presse qui relèvent exclusivement des Instances de régulations des médias, ou des Cours et tribunaux ».